Catégorie: Roman

octobre 31st, 2024 par Jean Sebillotte

    J’ai lu puis abandonné le livre que je reprends de mémoire ou presque pour cette note de lecture.

1 – Le style très recherché (trop ?) : L’autrice soigne son style mais cela se sent. J’admire la première phrase, très longue. J’admire : Le sol, déjà, roulait sous mes pieds…  plus loin  j’admire : le silence a duré dans la pièce comme du plâtre à l’air libre… Parfois L’autrice emploie des mots étrangers : page 51 ; la gamine qu’elle était longe le Channel pas la Manche. Oh ! c’était le cinoche… Voilà ce qu’est d’être un  lecteur agacé… Je suis injuste, horriblement injuste.

Plus tard dans le livre j’ai eu de la peine avec les phrases immenses. J’ai continué à m’agacer. Moi, le Havre sous toutes les coutures je m’en fiche un peu… Et cette enquête s’étire

2 – Le suspense et l’intrigue sont ténus. Cela démarre comme un polar mais au total cela se termine en eau de boudin : l’homme trouvé sur la plage aurait pu être le bref premier amoureux du passé, Craven. Il suffisait pour le savoir d’examiner trois points sous l’aisselle. Eh bien non ! Toute l’enquête sur ce cadavre n’avait pas pour but de savoir mais de se remémorer, de parler de choses et d’autres et surtout du Havre, mais aussi de l’actualité familiale.

Pourtant la recherche de qui était ce cadavre est le fil du livre, un fil ténu et peu crédible. Un fil si ténu qu’il n’y a aucun suspense. Un N° de teléphone sur un ticket de cinéma, c’est peu… On n’est pas tenu en haleine et le livre, lourd, compact, descriptif devient de plus en plus pesant à lire… Je saute les pages pour savoir… Mais savoir quoi ? Qui est Carven ? Quelle est cette ville du Havre. Heureusement, j’y suis allé et, parfois, je m’y retrouve, ce qui brise mon ennui. Je ne me perds pas, je suis la plage jusqu’au bout où est le cadavre… Qui peut être ce Carven, pardon Craven, le premier amour de madame… à propos je ne sais pas son nom à cette dame. Quand page 11, le policier l’appelle au téléphone, elle dit c’est moi… Elle eût put luis faire dire Madame XXX, cela aurait allongé la phrase.

Mon lecteur l’aura compris, ce livre m’est tombé des mains.

3 –Que lire au groupe de lecture (JKMRS) ? Ce qui concerne Maïa. J’ai aimé ce que Maylis fait dire à la mère de cette fille en train de s’émanciper..

4 – Un résumé ? Pas le courage. Je lis du Sven Lindqvist et du Mario Vargas Llosa. C’est copieux mais passionnant !

                                                                                              JS –  novembre 2024

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septembre 1st, 2017 par Jean Sebillotte

Le livre de Claude-Alain Planchon est noir, noir comme un tableau de Soulages. Un noir aux mille facettes, comme un morceau d’anthracite aux mille reflets… Comme les diamants taillés. Le héros, David Leprince Van Houten – « Leprince par mon père, Van Houten par ma mère » – vit l’érotisme et la mort, Eros et Thanatos.

Tout se passe dans un univers de luxe et de culture. Diamantaire, employé de haute volée dans une entreprise renommée, David est familier des grandes fortunes et de l’importance qu’y revêt la joaillerie avec ses pierres fabuleuses, souvent royales, à l’histoire mouvementée, aux prix pharamineux, objet d’échanges secrets et de convoitises mafieuses.

Leprince, hanté par la mort, pourra-t-il jouir d’une passion tardive ? Passion ou amour ? Au lecteur d’en décider, s’il le peut. L’action du roman se déroule à Paris, Anvers, Amsterdam et en Provence. Écrit à la première personne, le livre est à la fois une confession érotique et le compte rendu d’une aventure étonnement brutale, avec l’irruption de maffieux redoutables. Le style est vif, incisif, nerveux. L’auteur nous livre des phrases courtes qui s’entrechoquent, se contredisent. Travaillées comme des bijoux, incisives, acérées, elles surprennent et font mouche.

Si vous n’aimez ni l’érotisme ni une vision sombre de la vie, évitez ce livre. Dans le cas contraire, vous pourrez y prendre plaisir comme je l’ai fait.

 

JS

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novembre 13th, 2016 par Jean Sebillotte

D’abord, pourquoi lire ?  saint-simon-memoiresJe propose un détour : pourquoi écrire ? Une de mes réponses est que j’écris pour explorer le monde. Cela vaut surtout pour mes romans qui me permettent d’approfondir un aspect de la réalité et même de créer un ajout imaginaire à cette réalité. Un roman appartient au monde, ne serait-ce que parce que la Bibliothèque nationale en garde deux exemplaires… Fred, pour moi, fait partie du monde comme la famille Dautheuil. N’en est-il pas de même pour la lecture qui permet, elle aussi, d’explorer le monde ?

Pourquoi lire Saint-Simon, duc et pair ? C’est se plonger dans la vie de la cour du roi Louis XIV puis du Régent. C’est suivre la démarche d’un homme qui voulait que son propre monde subsiste et que nous en partagions la mémoire. Qui n’est pas intéressé par l’histoire de France perdra peut-être le sel de ces Mémoires. Mais, peut-être, peut-on lire Saint-Simon simplement pour se régaler de son fameux style.

Lire Saint-Simon c’est aussi satisfaire un libraire fort sympathique chez qui j’ai trouvé l’anthologie dont il m’a fortement conseillé la lecture. Grâce à lui, j’ai réparé partiellement une lacune de ma formation littéraire qui a été fort incomplète et que, sur le tard, je m’efforce de compléter comme certains de mes proches qui à un âge avancé continuent à perfectionner leur langue anglaise, espagnole ou allemande.

J’ai commencé le bouquin par le milieu au moment où le duc nous conte la mort de la Dauphine puis celle du Dauphin qui lui étaient très proches, une mort terrible aussi, à divers égards, pour le Roi, pour la cour, une mort qui a privé la France de successeurs destinés à devenir roi et reine de France, formés pour cela, une mort qui a conduit à une régence, le futur Louis XV étant bien jeune.

Je ne pensais pas être pris à ce point par ma lecture. C’est dû au fond bien sûr, mais probablement  plus encore au style que l’on m’avait vanté. Qui suis-je pour qualifier ce style qui n’a d’égal selon les Goncourt que celui de la Bible  et des auteurs latins ? « Saint-Simon ? Un des grands stylistes avec Proust » m’a dit une amie fort compétente dans le domaine. Dans la préface de l’anthologie, François Ravez cite un certain nombre d’admirateurs de Saint-Simon : Chateaubriand, Hugo, Balzac, Michelet, Sainte-Beuve, Flaubert, les frères Goncourt, Stendhal ( «… les épinards et Saint-Simon ont été mes goûts durables »). Proust « fera des Mémoires l’un des textes-sources de La Recherche », écrit le préfacier qui cite aussi Valéry écrivant : « Dans une clandestinité absolue…, Saint-Simon invente pour ses Mémoires cette langue extraordinaire dont la morsure et les longues phrases, formées d’étonnants raccourcis, émerveilleront les connaisseurs de l’avenir ».

Après cela, comment pourriez-vous ne pas lire au moins cette anthologie, qui n’a que 1478 pages,  à défaut des huit tomes de la Pléiade ?

Jean Sebillotte

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août 30th, 2016 par Jean Sebillotte

Couverture de Dautheuil sans blanc netLes premiers retours sont positifs… Je parle ici du roman, pas de la rentrée des vacances. L’un a lu le livre en une nuit, l’une l’a entamé un matin et a été en retard pour préparer le déjeuner, une autre a posté un long commentaire avec éloges et critiques constructives, une autre encore a trouvé que c’était plus un roman qu’un polar (ce qui me convient bien). Tel me demande une suite… Et mes libraires qu’en disent-ils ? je vais en visiter deux dès demain !

Certes, le bouquin n’a pas marqué la scène littéraire mais qu’importe en définitive si, avec Fred auparavant, il conquiert progressivement un public sincère ?

JS

Dans un prochain article, j’évoquerai l’art graphique…

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août 9th, 2016 par Jean Sebillotte

Cher ami,

À mon tour de commenter un de vos livres. L’Herbier m’est bien parvenu. J’ai profité d’une semaine en Espagne pour le lire page après page. Le livre s’y prête par sa forme même. On suit l’histoire de cette famille qui est décrite pour aboutir au fils, dont je n’ai pas trouvé le prénom, qui, à la fin, reste seul dans la maison des parents, sur le dessus de la terre, ses parents étant désormais en-dessous…

« Le petit a grandi, il essaie de comprendre pourquoi Roger et Colette s’aiment et se haïssent, en même temps. » Effet de typo et de style. Le style. Vous m’aviez suggéré d’en mettre davantage pour le second roman, je crois. Dans L’Herbier, il est remarquable et je suis tombé  sur de multiples trouvailles qui m’ont plu et parfois étonné.

Le livre n’est ni gai ni optimiste. Il est même cruel. La vie vaut-elle d’être vécue ? Dieu ne répond pas, existe-t-il ? La destination est le cimetière. La vieillesse peut être un terrible naufrage. Le père apprend à l’enfant à faire un herbier, « doux cimetière de la nature morte ».

« On est heureux pour quelques heures, ou un peu moins malheureux »… « Croient-ils pouvoir être heureux ensemble » ?

« Heureusement il reste les mots »… « pour un  avenir vertigineux ».

*

C’est, pour moi, un beau livre que j’ai quitté pensif, d’autant que je lisais en même temps Les âmes grises tout aussi sombre.

Merci

Jean S.

 

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