Catégorie: Poesie

avril 17th, 2024 par Jean Sebillotte

Je vous suggère d’aller sur ce blog : http://www.zones-subversives.com/2019/04/heritages-revolutionnaires-d-arthur-rimbaud-4.html

Il s’agit d’éclairer l’héritage de Rimbaud. Comment expliquer une telle notoriété de ce poète qui a écrit fort peu et dont toute l’oeuvre tient en un recueil réduit. Et encore en ajoutant, préface de Claudel, biographie et lettres…

Le poète Arthur Rimbaud entend changer la vie. Il incarne le refus du travail et la révolte romantique. Sa démarche poétique inspire la critique de l’aliénation mais aussi la contestation des surréalistes. 

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avril 5th, 2024 par Jean Sebillotte

Un des membres de mon groupe de lecture peinait à apprendre quatre vers de Rimbaud, quatrain sans titre, publié sous les sonnet « Voyelles ». J’ai été fouiner sur internet et de fil en aiguille ai trouvé un tableau montrant la « structure » du poème, ce qui aide à le retenir par coeur :

Poème de Rimbaud

1° hémistiche2° hémistiche
L’étoilea pleurérose au cœur de tes oreilles,
L’infini roulé blancde ta nuque à tes reins
La mera perlérousseà tes mammes vermeilles
Et l’Hommesaigné noirà ton flanc souverain.

Ceci m’a conduit à ce poème qui sens un peu trop le pastiche, peut-être :

Créant à merveille son écrit virtuose

Voyant  sans la voile de son nave vermeil

Rimbaud le poète rebelle dès l’éveil

Chantait son étoile qui pour lui pleurait rose

La structure peut être alors la suivante avec un autre ordre des vers :

Rimbaudlerebelle  Poète  dès l’éveil
Créant    àmerveilleson texte   virtuose
Voyantsans la voileDe son nave vermeil
Chantaitsonétoilequi pour lui pleurait rose…

Bien entendu ces vers ne sont pas définitifs et je me réserve le droit de les modifier….

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avril 3rd, 2024 par Jean Sebillotte

L’Agora est la revue de la Société des Poètes Français. Elle paraît tous les trimestres. C’est une mine d’informations, de publication de poèmes, de recension, d’articles comme celui-ci. Dans le numéro d’avril à juin est paru cet article sous ma signature.

René Lebars, dans sa libre opinion au titre anglais, « Choose France »[1] (qui reprend le titre d’un sommet  créé en 2018 par Emmanuel Macron, président de la République française), commente l’installation de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterets et constate, déplore, dénonce l’évolution, la dérive, du français, envahi par les mots étrangers, essentiellement anglais et même l’altération de notre syntaxe et grammaire.

Ceci appelle quelques réactions de ma part, moi qui ne sais rien de savant sur l’évolution des langues. Montaigne, dit-on, pensait qu’il serait rapidement illisible tant la langue lui semblait évoluer vite ! Il écrivit néanmoins en français mais ne cessait de citer les auteurs latins, langue des « savants », de l’Eglise, des diplomates. Hélas ! Aujourd’hui le latin demande à être traduit…Nous avons perdu le latin, mais un latin de basse époque, le « volapuk » de l’époque. Il y a eu aussi un idiome pratiqué largement, « la lingua franca » utilisée pour les échanges commerciaux et diplomatiques en Méditerranée, mélange de langues surtout l’italienne, la française, l’espagnole, la portugaise, la grecque et l’arabe… Puis le français triompha quelques temps. Mais ce fut l’anglais qui eut le dernier mot, avant peut-être demain le mandarin… Anglais ? Plutôt un idiome que les Anglais se désespèrent de voir considéré comme leur langue (à vrai dire c’est un anglais mâtiné d’américain et autres langues, un anglais bâtard). Cette langue, ce volapuk, a envahi le monde remplaçant le français qui n’a tamais été que la langue des élites européennes et des diplomates.

On peut le déplorer comme le fait René Lebars, ce que je comprends fort bien. L’anglicisme est chose détestable. C’est selon Larousse : Mot, tour syntaxique ou sens de la langue anglaise introduit dans une autre langue, ou encore, solécisme consistant à calquer en français un tour syntaxique propre à l’anglais. Donc halte à l’intrusion de l’anglais de notre part à tous, poètes ou non !

Mais on doit approfondir en abordant d’abord la question des mots car là n’est peut-être pas le plus grand problème actuel.

Les mots

Toute langue évolue en empruntant aux autres certains mots. Parfois parce qu’ils sont intraduisibles, désignant une chose nouvelle, une innovation. Ainsi en est-il de cloud difficile à traduire comme l’ont été rail ou tramway par exemple, ce dernier mot fut l’objet d’un débat de la fin du 19e et du début du 20e siècle. D’autres se sont imposés par leur brièveté : wek-end, KO, par exemple.

L’adoption d’un mot est liée non seulement à des innovations étrangères, mais surtout à des dominations politiques ou culturelles et à des manies. A la Renaissance la langue musicale était italienne, d’où les mots aria, opéra, et les notations comme mezzo voce, allegro, allegro ma non troppo, etc. Personne ne s’en offusque de nos jours. L’italien a été une langue de cour en France !

Mais nos relations avec l’Angleterre, les anglais et la langue anglaise sont anciennes et d’une complexité incroyable même[2]. Nos langues sont intimement mélangées au niveau des mots. René Lebars a raison : les mots « anglais » nous envahissent.

Les poètes n’ont-ils pas été de la partie ? Baudelaire, ce dandy traducteur de Poë, a introduit le spleen et un terme inconnu encore en poésie : wagon. Dans les Aquarelles Verlaine donne à ses poèmes des titres anglais (nevermore, par exemple). Lui et Mallarmé étaient des anglophiles notoires. Rimbaud dans ses Poèmes en prose use de mots anglais. Etc.

J’aurais tendance à penser que l’usage de mots étrangers n’est pas à proscrire. Les poètes font un recours à notre passé gréco-latin sans que cela choque et sont inventeurs de mots. Pensons au célèbre Jérimadeth de Victor Hugo.

Quoiqu’il en soit il faut rendre hommage aux Canadiens pour leur fertile invention de termes qui se démarquent de l’anglais qui les envahit…

La syntaxe et la grammaire

Là, le danger pour notre langue est immense. René Lebars a raison d’écrire : Le pire est de voir la langue défigurée par ces formules batardes, ni vraiment anglaises, ni vraiment françaises, qui martyrisent autant le sens que la syntaxe et induisent, dans les esprits, une ambiguïté perverse.

En France, nous aimons que la langue soit fixée par des autorités, l’Académie Française en premier lieu. L’Etat s’en mêle aussi.

Le danger mortel actuel n’est-il pas dans l’adoption de l’écriture inclusive ? L’Académie est radicalement contre, l’Etat aussi. Le site « Vie publique – de la République française »[3] rappelle ceci : « Aujourd’hui, la question de l’écriture dite inclusive est traitée par deux circulaires ». Je résume. La première provenant du Premier ministre (en 2017) « définit l’écriture inclusive et l’interdit dans les actes administratifs publiés au Journal officiel ». La seconde concernant l’enseignement demande (en 2021) à « ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive, qui désigne les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine. » Une proposition de loi déjà examinée et amendée par le Sénat en 2023 est en cours d’examen. Elle se réfère… à l’Edit de Villers-Cotterêts mis en avant par René Lebars. Pour les curieux se rendre sur le site !

*

Pour conclure mon propos, mais sûrement pas un débat qui ne sera pas clos de sitôt, il faut de la nuance en tout. On peut admettre une évolution de la langue, ce qui vaut notamment pour la féminisation de certains mots. Mais au grand jamais il ne faudrait déformer la syntaxe et la grammaire qui sont le squelette et l’âme même de notre langue que nous chérissons !


[1] L’agora du premier trimestre 2024

[2] Anglomanie et anglophobie en France au XVIIIe siècle. Article de Claude Norman dans la revue du Nord, cité par Persée (sur internet)

[3] https://www.vie-publique.fr/loi/291600-interdiction-de-lecriture-inclusive-proposition-de-loi

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mars 6th, 2024 par Jean Sebillotte

Michel Bénard m’a fait l’honneur d’une belle recension sur le blog de la Société des poètes de France. on peut s’y rendre par ce lien http://stepoetfrancais.eklablog.com/parutions-recensions-16-a214566821, ou en lisant le texte ci-dessous.

 » Nous l’attendions ce recueil tel un chant de la destinée  – Au fil des ans IV –  de Jean Sebillotte, mieux nous le pressentions. L’homme est de talent ! Artiste peintre depuis des décennies et poète par passion. Nous connaissons son œuvre, sa démarche et pourtant nous l’abordons toujours avec étonnement. L’auteur nous avertit, les poèmes de ce recueil ont été composés au fil du temps, aux caprices des événements du théâtre de l’existence, avec ses heurs et malheurs, ses plaisirs et douleurs. La poésie est souvent le miroir de la vie, l’autoportrait de son auteur. Jean Sebillotte est un personnage discret, délicat, cependant présent par l’art et la poésie ses deux piliers. Son préfacier, René Le Bars, poète autorisé, le confirme. Il il voit en Jean Sebillotte un poète de la vérité et de la liberté d’un naturel optimiste qui considère que la vie est belle au-delà des chaos et que la poésie en est le baume. Le poète dénonce les exactions guerrières distillant tant de souffrances pour simplement satisfaire l’orgueil et le syndrome de quelques tyrans et autocrates aveugles de pouvoir : – Dieu que la beauté et l’art sont conquêtes incertaines. – Ce recueil est pareil au balancier de l’horloge du temps il oscille d’une scène existentielle  à l’autre, du plus terrifiant au plus sécurisant. Les tableaux quotidiens s’enchainent, se mêlent, au travers d’une sorte d’ivresse désabusée. Notre poète joue avec les métaphores et les associations d’images, n’oublions pas qu’il est un excellent peintre jouant avec la palette de l’alphabet. Il dialogue avec l’homme qu’il voudrait meilleur. Sa poésie est comme une incantation, une prière muette où – Dieu – apparait en filigrane. Au passage, un clin d’œil à Baudelaire, se situant entre le bien et le mal et à Apollinaire ce trublion épris de calligrammes. Dans cet ouvrage le temps passe silencieux et sournois. Véritable prise de conscience marquée par le sceau de l’espérance. Mais dans tous ces imbroglios du chemin de vie, il ne faut pas oublier l’Amour en ses flots tumultueux autant qu’enivrants, Amour sage ou coquin il est là au bout de la plume. La destinée frappe parfois injustement et pourtant le poète reste fidèle pour assister, consoler, aimer ! Sans amertume il prend toujours les bonnes résolutions. Désormais il nous reste à espérer le chant de l’an V.

Michel Bénard.  »          

Recension : – Jean Sebillotte – Au fil des ans IV – Editions les Poètes français – Préface René Le Bars – illustrations de l’auteur – format 15×21 –  Nombre de pages 87 – 3ème trimestre 2023 –

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février 27th, 2024 par Jean Sebillotte

 Quelques propos

Abordons la question du roman philosophique ou poétique avant de nous interroger sur la possibilité d’une poésie elle-même philosophique.

Il me semble que l’on oppose volontiers le roman – œuvre de fiction qui explore la vie des hommes à travers des personnages – à la philosophie – qui fait appel à la raison. D’un côté le narratif, de l’autre le dissertatif. Il n’en a pas toujours été ainsi.

Symétriquement, la question se pose de la relation entre la poésie et la philosophie.

*

L’opposition du roman à l’écrit philosophique n’est pas inscrite dans le marbre. Ainsi, Le 18e siècle, écrit Nicolas Rialland[1], se révèle comme l’époque où règne la mode de la philosophie dans le roman. En effet, le roman, genre alors indéfini, trouve dans son union avec la philosophie un moyen de s’élever en dignité et de véritablement s’inventer comme genre artistique à part entière. Quant à la philosophie, fatiguée des grands systèmes philosophiques de l’âge classique, jugés trop coupés de l’expérience réelle, elle cherche une nouvelle manière de s’écrire, qui permette de ménager une plus grande place aux expériences. C’est l’époque de Candide ou l’optimisme de Voltaire, Jacques le Fataliste de Diderot ou La Nouvelle Héloïse de Rousseau.

Pour autant… à première vue, philosophie et roman semblent incompatibles. C’est toute la tradition, d’Aristote à Huet, qui oppose le dissertatif et le narratif, l’usage poétique du langage et son usage philosophique… Le roman philosophique désigne plutôt une collection de manières différentes d’hybrider philosophie et littérature, selon des genres différents (roman-mémoires, récit utopique, etc.). Ces manières ne vont jamais de soi, car il est toujours délicat de mêler dissertatif et narratif.  

Cette question du lien du roman et de la philosophie est toujours actuelle.

Elle a déjà été abordée, par exemple pour Sartre. « Il est essentiel nous dit un article d’encyclopédie[2] de souligner que la distinction entre philosophie et littérature, en ce qui concerne Sartre, n’est guère fonctionnelle. L’Être et le Néant, dans son analyse de la « mauvaise foi » notamment, informe sur Huis clos, écrit au même moment. Etc.

Pour Kundera[3], Le roman est la grande forme de la prose où l’auteur, à travers des ego expérimentaux (personnages), examine jusqu’au bout quelques thèmes de l’existence.  

Son livre m’avait troublé car, pour lui, la plupart des romanciers sont de simples conteurs et la formule du roman est probablement épuisée.

Il semble donc qu’il faille laisser aux écrivains une liberté que l’on tend à leur dénier ou qu’ils ne savent plus prendre. Faut-il leur refuser le roman philosophique ?

D’autant que les « romanciers-philosophes » sont parfois de très grands écrivains. Il suffit de penser à Camus.

*

La forme aussi importe. Pour Kundera et pour la plupart, le roman se doit d’être en prose. Inversement il existe une forme dite de poésie en prose qui a de glorieux représentants, dont bien sûr Baudelaire qui évoque « Une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience. » 

Si l’on suite Jan Baetens [4] « Le roman en vers est possible. Mais comme le montre Carson, ce n’est pas un roman “en vers” (les affreuses rimes!), surtout pas en “vers libres”, encore moins un roman “poétique” (ce prix de consolation pour roman raté). C’est un vrai roman, mais dont le rythme (surtout) est poétique, c’est-à-dire construit, réglé, nourri de calculs, ligne par ligne, vers par vers. »

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Venons-en maintenant la question initiale : la poésie peut-elle être philosophique ?

La réponse semble négative si l’on se réfère à de nombreux auteurs. Il y a là un parallèle avec le roman.

Pour Edgar Morin[5], L’avenir de la poésie est dans sa source même(…) là où a jailli le langage(…) Il y a deux langages(…) L’un est rationnel, empirique, pratique, technique, l’autre, symbolique, mythique, magique. Pour lui Le premier s’appuie sur la logique et il essaie d’objectiver ce dont il parle, le second utilise plutôt la connotation, l’analogie, la métaphore, c’est-à-dire le halo de significations qui entoure chaque mot… et essaie de traduire la vérité de la subjectivité.

La prose serait liée à l’état premier. Le second état, ou « état second », est l’état poétique, qui peut être celui de la danse, du chant, des cérémonies et bien sûr du poème. A ces deux états correspondent deux êtres en nous. Le second est un état de voyance (Rimbaud de la lettre du voyant). Donc poésie-prose, tel est le tissu des notre vie. Nous vivons une double polarité.

Selon E. Morin, l’unité s’est rompue par le développement à partir de la Renaissance d’une poésie de plus en plus profane, puis, à partir du 17e siècle, par la séparation d’une culture scientifique et technique et d’une culture des humanités, humaniste, littéraire, philosophique. La poésie s’est autonomisée mais se nourrit toujours de sa source qui est la pensée symbolique, mythologique, magique. La poésie aurait connu deux révoltes : le romantisme, notamment allemand, contre la « prosaïté », le monde utilitaire et bourgeois, le surréalisme qui signifie le refus de la poésie de se laisser enfermer dans le poème, c’est-à-dire dans une pure et simple expression littéraire (…) Finalement, Le but de la poésie est de nous mettre en l’état poétique.

Le second auteur que j’évoque ici nous parle de Conche[6]. Il écrit ceci : « Le rapport poésie-philosophie joue un rôle important dans la pensée de Marcel Conche dès ses première pages dédiées à Epicure, Lucrèce et Montaigne : « si nombre d’ouvrages de philosophie distillent l’ennui, c’est que la vie en est absente (…) le simple jeu des concepts n’apporte pas la vie (…) il y a différentes façons de vivre un ouvrage. La poésie en est une », écrit-il dans ses réponses à A. Compte-Sponville (….) La confrontation entre poésie et philosophie ou pour adopter ses termes, entre créativité et sagesse, est très ancienne : malgré ce qui les rapproche parfois, elles demeurent irréductiblement séparées. La vérité de la poésie et celle de la philosophie nous donnent des perspectives tout à fait différentes sur l’homme. « Le réel de l’artiste n’est autre que le réel commun (…) il appartient à la philosophie de poser des questions que l’artiste, comme tel, ne pose pas : ce sont les questions dites ultimes, par lesquelles la philosophie s’est dès l’origine, distinguée aussi bien de l’artiste que du savant. »

La cause semble entendue : le poème ne peut être philosophique. Poésie et philosophie sont deux approches du réel « irréductiblement séparées. »

*

Pourtant d’autres auteurs ont marié les deux modes d’expression. Des philosophes grecs l’ont fait. Dante l’a fait dans sa Divine Comédie, Goethe dans ses deux Faust, Voltaire l’a fait (mais, de nos jours, ses poésies épiques, sont négligées ou ignorées), etc.

Selon Campion, Mallarmé tire une philosophie de sa poésie[7]  

Philippe Beck[8], cite Sénèque : combien de poètes disent des choses que les philosophes ont déjà dites ou qu’ils auraient dû dire. Pour Beck, il y a deux inconsciences, [celle] des poètes qui philosophent sans le savoir et celle des philosophes qui, sans le vouloir, obligent les poètes à philosopher. D’habitude le mariage s’achève en divorce ou en co-habitation…

Plus loin il met en garde contre une poésie didactique, qui selon Hegel ne doit pas être comptée parmi les formes de l’art.

*

Voilà où me mène ma question initiale. Non pas à une impasse mais à des réponses variables qui dissocient plus qu’elles n’associent poésie et philosophie.

Dès lors, je fais encore davantage mien ce texte célèbre de Baudelaire : La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même, elle ne peut en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème…,  Et plus loin : La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de défaillance, s’assimiler à la science ou à la morale ; elle n’a pas la vérité pour objet, elle n’a qu’elle-même.[9]

Je m’interrogeais sur un de mes poèmes faisant appel à deux concepts et qui cependant me paraissait relever de la poésie. Mon interlocuteur me dit qu’il est court et métaphorique et intéressant pour cela.

Le fait et la faute

Voici la tempête

Qui jette à la côte

L’esquif qui s’entête

A sauver son hôte

A qui donc la faute

Quand le vent s’entête

A froisser la côte

De ses vagues en fête

S’il y a là un fait

Où est donc la faute

Un autre poème a été jugé long et fastidieux (…) plus une réflexion philosophique qu’une vision poétique. J’ai accepté ce jugement mais cependant sauvé un quatrain qui me paraissait relever de la poésie plus que d’une dissertation en vers et traduisait un sentiment de trouble dans ces temps de complotisme.

                                     Mon âme,

La question se pose à moi du doute,

En ces temps de bien tristes complots.

Et plus que tout mon esprit redoute

Que de mon fait le faux soit mon lot.

*

A toi lecteur de juger de la pertinence de cette libre réflexion qui se veut sans conclusion si ce n’est que la philosophie entretient un ménage conflictuel avec la poésie (et le roman) et que des bibliothèques entières semblent traiter du sujet, ce qui rend très humble l’auteur de ces lignes.

Jean Sebillotte


[1] Roman et philosophie au temps des Lumières (La vie des idées.fr)

[2] Encyclopédie Larousse

[3] L’art du Roman

[4]  In « Les impressions nouvelles » – blog Réflexions sur la littérature (2010 – 2014)-25 janvier 2012.

[5] Amour, poésie, sagesse

[6] S. Alessandro Arcoleo : Poésie et philosophie. Marcel Conche interprète de l’Illiade d’Homère

[7] Pierre Campion – Poésie et philosophie

[8] Philippe Beck dans Persée. L’époque de la poésie

[9] L’art romantique

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