Catégorie: Poesie
avril 20th, 2019 par Jean Sebillotte
J’ai par devers moi un troisième volume de poèmes. Je vais chercher un éditeur… je ne l’ai pas encore fait, trop pris par l’exposition… Chez mes amis Mauvais j’ai lu trois poèmes. Impossible de retrouver le troisième… Qu’importe : voici les deux premiers et un autre que j’aime :
Photos d’une modèle
La fille que je vois dans cet hebdo glacé
Est une vraie victime
Du système et du fric étroitement enlacés
La mode n’a rien d’intime
On doit donc l’exposer, et même l’exhiber
Cette esclave modèle
Et pour cette raison il ne faut prohiber
Aucune photo d’elle
Il faut bien habiller mais aussi dévoiler
Cette chair exposée
Cette chair très maigre que l’on fait défiler
Cette chair proposée
La fille apparemment s’y prête volontiers
Attitude blasée
Sourire compassé comportement altier
Elle paraît déphasée
La fille boudeuse squelette déguisé
À la taille ficelle
Aux seins menus si peu marqués et suggérés
Evoque la pucelle
Pourquoi ce fil de fer aimé des couturiers
La pose convenue
Qui singe le noble et non le roturier
Et ceci presque nue
Pourquoi y ajouter ce visage chagrin
Ce visage misandre
Cet air-là est-il pris pour marquer le dédain
J’avoue ne pas comprendre
Cela me fâche fort Je ferme le magazine
Ces clichés fabriqués
Insultent les beaux-arts me renvoient à l’usine
Des gens bien trop friqués
Quintette à vent
Du hautbois la stridence
Pour mon cœur qui souffre
Du basson la voix basse
Pour mon cœur qui vibre
Du cor le cuivre grave
Pour mon cœur si triste
De la flute le souffle
Pour mon cœur ému
Et la clarinette
Pour mon cœur perdu
J’y ajoute :
Méditerranée
L’agave qui meurt
Lance au ciel sa fleur
Seul demeure
Le pied séché
Qu’effleure
Le soleil achéen
Etirant l’ombre ébréchée
Sur un sol amer
Avec au loin
La mer
Jean Sebillotte
Publié dans Ecriture, Poesie Etiquette: Méditerrannée, Photos d'un modèle, Quintette à vent
février 2nd, 2019 par Jean Sebillotte
J’ai longtemps buté sur la lecture de Rilke et notamment de ses élégies. Etait-ce la faute de la traduction ? Je trouvais les élégies impossible à lire. Une amie, elle, ne butait pas comme moi sur le texte.
Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas tenir compte des « caprices » (?) de l’auteur et des ruptures du texte. La disposition des vers répond peut-être à un impératif de la poésie allemande. je me mis à lire un poème en prose et cela prit sens.
Ainsi dans la troisième élégie, l’avant-dernière strophe est présentée ainsi :
Vois, nous n’aimons pas comme les fleurs, poussés
par l’unique saison d’une année ; il monte dans nos bras,
quand nous aimons,
une sève immémoriale. Ô, jeune fille, tout
ceci : je veux dire qu’en nous nous aimions, non point une être
unique, et à venir,
Mais la fermentescence innombrable ; non pas un seul
enfant,
mais les pères qui sont au fond de nous, couchés
comme les débris de montagne ; mais le lit de fleuve asséché
de mères de jadis ; mais tout
le paysage de silence sur qui est suspendue une fatalité
de nuages ou d’azur – : voici donc, jeune fille, ce qui t’a
devancée.
Pour la lire, il faut, me semble-t-il, au moins dans un premier temps, ne pas tenir compte de la mise en scène spatiale du poème qui devient alors :
Vois, nous n’aimons pas comme les fleurs poussés par l’unique saison d’une année ;
il monte dans nos bras, quand nous aimons, une sève immémoriale.
Ô, jeune fille, tout ceci : je veux dire qu’en nous nous aimions,
non point un être unique, et à venir, Mais la fermentescence innombrable ;
non pas un seul enfant,
mais les pères qui sont au fond de nous, couchés comme les débris de montagne ;
mais le lit de fleuve asséché de mères de jadis ;
mais tout le paysage de silence sur qui est suspendue une fatalité de nuages ou d’azur – :
voici donc, jeune fille, ce qui t’a devancée.
J’avoue humblement ne pas toujours bien comprendre ce souci spatial de nombreux poètes contemporains. Parfois cela s’impose, parfois cela ne semble rien ajouter. C’est ici, d’autant plus vrai que le poème en allemand ne semble pas l’exiger.
A toi, lecteur de me dire ce que tu en penses, si tu as lu les Élégies.
Publié dans Lecture, Poesie, Uncategorized Etiquette: Élégies, Rilke
octobre 18th, 2018 par Jean Sebillotte
Je publie ici un poème écrit sur la base d’un échange (difficile) à propos d’un passé évoqué. la solitude est notre lot, chacun le sait. Plus encore, nous héritons parfois d’événements du passé familial. Certains estiment que cela influe sur notre vie tout en restant invisible, imperceptible au sens fort.
Comment se transmettent ces choses ? Nul ne peut le dire, semble-t-il.
L’inconscient ses grottes et ses gouffres
Cette émotion émergeant si violente
Imméritée autant que fulgurante
Tu l’as masquée par la peur des regards
Par la crainte de quelque père fouettard
Avais-tu compris des morts l’héritage
Et ces gouffres obscurs dont le message
Peut jaillir en toi comme les bouffées
D’un passé ignorant les douces fées
Ces histoires inconsciemment héritées
Ces grottes noirâtres par toi abritées
Peuvent t’habiter et sans mélodrame
Te faire héritier d’un bien sombre drame
On t’enseigna à vivre en société
Bridant ce qui paraissait impiété
Il fallait qu’elle apparût simplissime
Cette vie ignorant son propre abîme
Soudain habité de démons obscurs
De sentiments jaloux acerbes impurs
Tu étais réduit sous un masque lisse
A vivre en refusant ton propre abysse
Ne sachant pas le legs à toi transmis
D’un méfait par quelque ascendant commis
Tu auras donc vécu dans l’ignorance
T’interrogeant sur ta grande souffrance
Plutôt qu’être de soi-même le juge
Il faut comprendre par quel subterfuge
Par quel mécanisme et par quels dessous
L’inconscient encore se joue de nous
Jean Sebillotte
mai 2018
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février 15th, 2018 par Jean Sebillotte
Les 10 et 11 mars 2018, la Société des Poètes Français devient l’organisatrice des 18èmes Rendez- vous des Auteurs et Poètes de la Francophonie qui auront lieu à CABOURG (Calvados), ville côtière normande évocatrice d’une belle époque de la vie culturelle française… Ces RENCONTRES POÉTIQUES seront marquées par la présence d’une dizaine d’associations représentées. L’intention de la Société des Poètes Français est, avant tout, de porter haut les couleurs de la poésie et d’aller au-devant du plus large public possible.
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février 4th, 2018 par Jean Sebillotte
Nous apprenions la langue, la rime et la cadence,
Et le mètre des vers, et les chants et la danse.
Nous étions des enfants, inconscients, turbulents,
Qui pratiquaient les jeux qu’ils jugeaient excellents.
Boileau, nous n’apprenions pas assez ton message
Car c’était un devoir, il fallait être sage.
C’est en devenant vieux qu’on admet la raison.
Les ans ralentissant nous octroient des saisons
Qui donnent le loisir de polir notre langue,
D’écrire sereinement dans un monde qui tangue.
A mon âge avancé, je reviens aux anciens,
Les savants, les instruits, les académiciens.
Voilà pourquoi, Boileau, je retrouve ta science.
Et, à tes préceptes, vois, je fais allégeance.
Cependant après toi tout serait-il ringard,
Et fixées pour toujours les règles de notre art ?
Elles ont leur intérêt, qui n’est plus à prouver,
Mais il y a des ailleurs insolites à trouver.
Et je n’aime pas que tu t’en prennes à Ronsard.
Tu es bon poète, mais, là, bien trop vachard.
JS – 31 janvier 2018
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