Catégorie: Poesie
février 15th, 2018 par Jean Sebillotte
Les 10 et 11 mars 2018, la Société des Poètes Français devient l’organisatrice des 18èmes Rendez- vous des Auteurs et Poètes de la Francophonie qui auront lieu à CABOURG (Calvados), ville côtière normande évocatrice d’une belle époque de la vie culturelle française… Ces RENCONTRES POÉTIQUES seront marquées par la présence d’une dizaine d’associations représentées. L’intention de la Société des Poètes Français est, avant tout, de porter haut les couleurs de la poésie et d’aller au-devant du plus large public possible.
Publié dans Poesie Etiquette: Cabourg, Poésie, rencontres poétiques
février 4th, 2018 par Jean Sebillotte
Nous apprenions la langue, la rime et la cadence,
Et le mètre des vers, et les chants et la danse.
Nous étions des enfants, inconscients, turbulents,
Qui pratiquaient les jeux qu’ils jugeaient excellents.
Boileau, nous n’apprenions pas assez ton message
Car c’était un devoir, il fallait être sage.
C’est en devenant vieux qu’on admet la raison.
Les ans ralentissant nous octroient des saisons
Qui donnent le loisir de polir notre langue,
D’écrire sereinement dans un monde qui tangue.
A mon âge avancé, je reviens aux anciens,
Les savants, les instruits, les académiciens.
Voilà pourquoi, Boileau, je retrouve ta science.
Et, à tes préceptes, vois, je fais allégeance.
Cependant après toi tout serait-il ringard,
Et fixées pour toujours les règles de notre art ?
Elles ont leur intérêt, qui n’est plus à prouver,
Mais il y a des ailleurs insolites à trouver.
Et je n’aime pas que tu t’en prennes à Ronsard.
Tu es bon poète, mais, là, bien trop vachard.
JS – 31 janvier 2018
Publié dans Ecriture, Poesie Etiquette: Boileau, Epître, Jean Sebillotte, poème
février 4th, 2018 par Jean Sebillotte
Poète d’instinct et apprenant toujours mon art (est-on jamais certain de ne plus progresser ?), je réfléchi depuis peu sur la poésie comme genre littéraire. Je me suis donc procuré les deux livres présentés dans le titre.
J’ai découvert que le texte d’Aristote est court (53 pages dans mon édition pour 26 petits chapitres) comme celui de Boileau (31 pages pour 4 chants).
Mais le texte du philosophe antique fait l’objet d’analyses savantes. L’ouvrage du Seuil fait 465 pages ! Que pourrais-je ajouter à toute cette science ? Aristote pointe les similitudes entre les arts (peinture, musique, danse, recours à la voix). La première est liée au fait « qu’ils sont des représentations » ; « Mais, ajoute aussitôt Aristote, il y a entre eux des différences de trois sortes : ou bien ils représentent par des moyens autres, ou bien ils représentent des objets autres, ou bien ils représentent autrement, c’est-à-dire selon des modes qui ne sont pas les mêmes. » … « Les uns usent des couleurs et des figures alors que d’autres usent de la voix…. Tous réalisent la représentation au moyen du rythme, du langage ou de la mélodie, mais chacun des ces moyens est pris soit pris séparément soit combiné aux autres. » Il remarque qu’à son époque on nomme poésie toutes les œuvres qui recourent au mètre. Lui considère qu’écrire un traité de médecine en usant du mètre ne ressort pas de la poésie. Dans celle-ci il y a « le rythme, le chant et le mètre ». C’est ainsi que je comprends le chapitre 1. A partir de là, Aristote développe de façon considérable l’analyse de ce que je nommerai le théâtre (comédie, tragédie) sans oublier divers genres comme l’épopée. Il fait une grande place à Homère et analyse les œuvres majeures de son époque.
Le texte de Boileau est bien plus technique et normatif. Il introduit la rime pour caractériser la poésie, ce que ne fait pas Aristote.
Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bons sens s’accorde avec la rime.
Il introduit le style et insiste sur son importance, ainsi que sur la cadence (le rythme ?) :
Ayez pour la cadence une oreille sévère
Il faut se méfier du heurt des voyelles et le choix des mots importe :
Fuyez des mauvais sons le concours odieux
Certains passages du 1er chant sont très connus :
Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans ses vers une juste cadence,
D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
C’est aussi là qu’on trouve les vers fameux :
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire viennent aisément.
Et ceci :
Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajouter quelquefois, et souvent effacez.
Tout ceci nous parle. Mais dans le chant II certaines affirmations me choquent comme le rejet de Ronsard et l’éloge absolu de Régnier. Il m’apparaît aussi que Boileau pense beaucoup à l’alexandrin, ce en quoi il écrit. Dès le chant III, on aborde comme chez Aristote le théâtre et les règles classiques, puis Boileau se livre à l’analyse des œuvres.
En conclusion, il est intéressant à un poète d’aujourd’hui de relire Boileau sans remonter à Aristote !
JS
Publié dans Ecriture, Lectures, Poesie Etiquette: Aristote, Boileau, Poétique
novembre 30th, 2017 par Jean Sebillotte
Je l’ai dit il y a quelques jours, je vais de nouveau animer mon site et pourquoi pas par un poème ? Il s’agit d’Apollinaire et de ce livre jauni qui date de l’époque des papiers de qualité exécrable. L’ouvrage n’est pas daté mais c’est sa soixante-quinzième édition… Voici maintenant comme en écho ce sonnet.
A toi Apollinaire
C’est en deux mille dix-sept, à mon tour et bien tard,
Que j’ai hérité. Et, par le jeu des partages,
J’ai chez moi un livre qui semble hors d’usage
Fait d’un papier craquant, et bruni et ringard.
C’est Alcools, ce bouquin obtenu par hasard.
Je découvre que tu as placé dans l’ouvrage
Des poèmes que j’ai lus dans mon jeune âge,
Comme Les Saltimbanques, ce fruit de ton art.
Là, j‘ai retrouvé : Vienne la nuit sonne l’heure,
Suivi de ces mots : Les jours s’en vont je demeure.
J’aimais déjà ces vers et n’étais que gamin.
J’imagine la Seine qui toujours se froisse
Sous le Pont Mirabeau, et ma vie sans angoisse
Dans un monde où s’ouvre l’infini des chemins.
Jean S.
Publié dans Ecriture, Lecture, Poesie Etiquette: Apollinaire ; Sonnet ; Sous le Pont Mirabeau
septembre 6th, 2017 par Jean Sebillotte
Jean-Charles Dorge vient de nous livrer 81 de ses poèmes dans son septième recueil, Les chemins étoilés.. Une nouvelle étape dans son parcours qu’il perçoit comme le tracé d’un chemin. Une préface savante de Michel Bénard qui s’attache au message et en quatrième de couverture quelques lignes de Vital Heurtebise sur l’inspiration et l’écriture du poète.
J’y ajoute mon grain de sel.
Je savais le goût de JCD pour la forme classique. Dans ce livre, plus du tiers de sonnets et des formes plus rares que l’auteur indique très discrètement (villanelle, rondel, pantoum et triolet). Il rejoint en cela bien d’autres poètes dont, bien sûr, Aragon, pour qui un poème en vers libres est un peigne aux dents cassées (je cite de mémoire).
Lisez ce livre. Vous y découvrirez une poésie simple et riche, abondante et variée. J’en apprécié bien des pièces, comme par exemple Les sabots, une villanelle originale, gaie et humoristique, dont voici le premier tercet :
Les sabots dans la masure
Inactifs dans un recoin
Se moquent de leur usure.
J’ai aimé la musique de Jean-Charles Dorge ce qu’illustrent les vers suivants, ce choix étant bien sûr très personnel :
Car je suis la voilure où s’engouffrent nos sorts ! (Parole femme)
Tu fabriques le vrai quand ils sèment du vent. (Le Paysan absent)
Il vivait pour cueillir les âmes à chérir. (Le derviche)
Cheminer vers l’ailleurs pour briser les remparts ! (Le vent du départ)
Jouant de la guitare un garçon rêve et pleure.
Au rythme de son cœur, il lance des accords (Le jeune guitariste)
A vous de vous assurer de la pertinence de ce commentaire !
JS
J-C Dorge est président de la Ronde poétique et de la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie (SAPF) déjà citée précédemment ici.
Les chemins étoilés – Editions les Poètes français – 15 euros
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