janvier 20th, 2013 par Jean Sebillotte

Ce premier roman d’Emmanuelle Guattari, très court, se lit très vite, l’auteur adoptant le point de vue de l’enfant qui ne retient de son passé que des bribes. Le livre nous livre des anecdotes, des sentiments, des visions enfantines qui, accolées, finissent par nous donner l’atmosphère très particulière de ce monde où elle a passé sa petite enfance. La force de la romancière est de rester allusive et de ne chercher, à aucun moment, une quelconque morale ou une philosophie relative à son existence. Il y avait les « Fous, » les non-Fous, et les enfants et elle parmi eux.

La  4ème de couverture fournit le contexte. Est-elle nécessaire ? Elle nous apprend que l’auteur est la fille d’un type étonnant, ayant une grande notoriété et que le roman est probablement très autobiographique. Sans ces précisions, le livre aurait-il perdu de sa force ? Je ne saurais le dire. Il aurait gagné en mystère. Certaines figures en  auraient-elles pâti ? Auraient-elles perdu leur force ? Je ne le crois pas comme ce père, cette « Tanche, » cette mère adorée, ce frère, cette belle-mère dont on ne sait rien si ce n’est qu’elle a existé et qu’elle devait aimer outre le père, les enfants qu’il lui avait imposés, etc.

  Certains critiques sautent à pieds joints sur cette question et utilisent cette dernière page de couverture, mais pas ceux dont le texte est repris ci-dessous.

Jean S

Quelques critiques

Le point de vue de Fabienne Bussaglia de Télérama est bref : Emmanuelle Guattari signe un roman virtuose sur un paradis perdu : la clinique de La Borde, établissement psychiatrique hors norme fondé par son père, Félix Guattari

Celui de Marine Landrot, dans Télérama aussi, est plus détaillé : Une ou deux pages à peine, parfois quelques lignes : chaque chapitre ressemble à un lambeau d’écorce gravé au canif. Emmanuelle Guattari est avant tout écrivain, comme ce premier roman ravageur le révèle…
Petite, Emmanuelle a donc grandi dans ce château du fou au bois dormant, emplissant ses poches de petits cailloux qu’elle dissémine aujourd’hui avec une virtuosité féerique. Aussi effrayants qu’envoûtants, les souvenirs qu’elle a gardés de ce paradis perdu sont en effet dignes d’un conte de fées…
Ecrit à la première personne, son livre va et vient, avance et recule, scrute et s’enfuit. La beauté de ce récit vient des entailles qui le creusent petit à petit. Il n’y a pas de nostalgie dans cette confession autobiographique, élastique jusqu’à l’arrachement. Les petits miracles décrits en flashs aveuglants cachent un souhait impossible, émis dans un chapitre totalement différent des autres, éploré, à vif, le plus beau du livre : faire revivre la mère ­disparue.

Florence Bouchy, dans Le Monde  écrit : Comment perçoit-on, quand on est enfant, cette vie avec les malades mentaux ? Comme une expérience de liberté dont l’écrivain fait, pour son premier roman, un paradis perdu.

Pour plus d’analyses voir http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-120312-la-petite-borde.htm

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