Je livre ici une première page possible d’un possible roman à deux narrateurs.
« C’est en rencontrant Jésus que j’avais pensé pour la première fois écrire l’histoire de ma famille, une histoire que j’espérais terminer, une histoire impossible peut-être, une histoire que je n’aurais jamais dû entamer, peut-être. Mais il était patent que je l’avais commencée cette histoire. Tout ceci parce que j’avais rencontré Jésus un soir au Café de la Paix.
Oui. Pourquoi, Christophe Dautheuil avait-il lié la conversation puis entamé une relation étrange avec ce Jésus, me suis-je tout de suite demandé ? Est-ce à cause de cet homme qu’il avait été tué ? À ce stade je n’en savais rien. Toujours était-il qu’une voisine l’avait trouvé contre la porte de son appartement, sur le palier. Il avait glissé et s’était affaissé sur la moquette de cet immeuble huppé après avoir reçu une balle dans la poitrine. »
Cet incipit est-il antérieur ou postérieur à celui que j’ai entre les mains ? Pour moi la première phrase du mien est meilleure. Le double sens possible de « en rencontrant Jesus » est-il relayé dans la suite du roman par des éléments narratifs? Si oui ça peut être intéressant. Si non, c’est un peu embêtant d’emmener le lecteur sur une fausse piste dans la première phrase.
Merci Maxence de cette réaction.
Cet incipit est postérieur. Tu as peut-être raison mais ce n’est pas une fausse piste ! Le roman mûrit. J’hésite. Un personnage prend de l’ampleur, c’est Jésus. Je tâtonne. Que vaut cette idée d’écrire une histoire de sa famille. Je la trouve de plus en plus dingue. Le livre sera plus noir que Fred. La mort l’habitera. Pour quelle(s) raison(s) l’enquête, même indiscrète, conduit-elle au meurtre de l’enquêteur ? J’imagine l’apparition de la haine, un basculement des sentiments d’une tante qui serait la meurtrière.
Il y aurait deux enquête celle de CD, celle d’Aimé le journaliste en liaison avec la police. Cette deuxième partie éclairerai la première.
Mais je ne veux pas écrire un polar !
. L’influence de ce Jésus se révélerait déterminante au début, il donnerait le déclic, serait le catalyseur. Ensuite ce serait souterrain puis décisif. Il ne serait pas le meurtrier. mais peut-être l’instigateur. Il jouerait un rôle dans l’histoire. On retrouve le personnage du pervers esquissé dans Fred.
La narration serait à deux voix, à deux « je ». D’où l’incipit nouveau. Celui-ci serait en tête du texte que tu as… mais tout cela n’est qu’esquisse. Je ne suis pas encore au clair. Il y a l’idée de l’histoire dans l’histoire dans l’histoire… des emboîtements sans fin… par le jeu du temps, des causes lointaine ou proches…
Il y a aussi la thème inépuisable de la famille. Tout n’a-t-il pas été écrit ? Pourtant tout ne peut pas être dit. Ce sera une famille bien définie. Insérée dans l’histoire de trois générations. J’ai la famille, si je puis dire, son arbre généalogique, les noms, les dates, les alliances, les caractères, les biographies…
Tu vois Maxence, j’ai du grain à moudre mais je manque de temps vraiment à moi ! Alors, je médite.
Bonne nuit !
Je voulais parler de ce prénom, Jesus,.dans l’expression « rencontrer Jesus » qui m’avait fait imaginer une sombre histoire de secte: ça peut être gênant ou pas du tout
; Mais je vois que tu n’as pas terminé la phase préliminaire et que, pratiquement, tu ne peux pas répondre. J’avais beaucoup aimé la simplicité de la première phrase dans ma version et son côté percutant. Mais il est trop tôt pour dire ce qui va et ce qui ne va pas.
Bonne nuit à toi aussi
J’ai relu la première phrase :
« Vouloir écrire l’histoire de sa famille, est-ce se condamner à mort ? La question n’était pas encore posée en janvier 2012 quand fut connu le meurtre par un court article du Parisien libéré. »
Si je fonctionne à deux narrateurs qui disent « je » successivement. Je suis là en présence d’un autre narrateur omniscient. Puis-je concilier trois narrateurs dont celui-ci serait « off » ?
Je trouve toujours difficile cette question du choix du ou des narrateurs dont un est décédé !!!.
A trois narrateurs, je pourrais conserver cette « entame » que tu apprécies et qui me plaît bien aussi !
Une autre solution. Attribuer la phrase au narrateur vivant et en rester à deux narrateurs
Qu’en penses-tu ?
A bientôt.
Est-il vraiment nécessaire de rechercher la difficulté en enchassant les discours ? il me semble que tu as déjà exploré cela dans ton premier roman. Dans l’état actuel du manuscrit, que je relisais cette après-midi, il me semble qu’il faut aller vers la simplification. On se perd un peu dans les intentions. Que dirais-tu de rédiger un texte très court et très sec(pour toi seul) où tu mettrais noir sur blanc ton projet : parler de la famille à travers les réactions des personnages? mettre en place une intrigue presque policière ? etc.etc… .Qu’est-ce qui est le plus important? quel rôle joue le journaliste?
Et comme d’habitude, tu dois prendre ce que je dis avec beaucoup de précautions. Tu as continué à travailler sur ton projet. Il a évolué depuis la version que j’ai. Et nous n’en avons pratiquement pas parlé.
Bon courage
Oui, tu as raison. Tout vient de ce que je ne peux pas, que je ne sais pas procéder autrement que par tâtonnements et allers et retours entre mon projet initial et là où me conduit l’écriture. Si c’était si clair dans mon esprit, je ne serais pas à tester diverses rédactions possibles. Il est important pour moi de répondre à la logique interne du livre en genèse.
Je ne suis pas bien clair.
Je vais illustrer. Initialement, je n’envisageais pas un meurtre. L’introduire montrait qu’écrire l’histoire de sa famille contemporaine était absurde et dangereux. Jésus est arrivé ensuite. Je ne suis pas sûr de garder ce nom, source de complication. Appelons-le Hector. Cet individu s’est imposé pour expliquer le déclic qui conduit Christophe à écrire. Sans Hector, il ne se serait pas lancé. mais qui est Hector ?
Il s’impose comme un type pervers. Il représente le Mal. Il va démolir la famille… Le sujet initial me conduit au tragique, au Mal. Je dois ensuite relier Hector au reste de la famille. Plus tard, après l’assassinat, les enquêtes mettront au jour son rôle néfaste. A-t-il tué ? Eh bien non. Qui alors ? À moi de choisir le membre de la famille qu’il va pervertir et comment et pourquoi.
Tout ça n’était pas inventé il y a deux mois !
Comprends-tu ma façon de progresser ? Quand j’écris de façon littéraire, je suis obligé d’approfondir mon affaire ! Un personnage secondaire s’impose.
Au début, j’envisageai une enquête de la police. Puis s’est imposé Aimé, un journaliste, qui va être lié, lui aussi à la famille. Ce sera, au stade actuel le narrateur de la partie 2. Il y aura l’enquête de Christophe puis celle d’Aimé et de la police.
Plus tard, je supprimerai tout ce qui n’est pas nécessaire au roman !
Voilà !