Catégorie: Lectures

octobre 23rd, 2014 par Jean Sebillotte

Une anecdote. Je n’avais jamais lu du Modiano. Combler cette lacune s’imposait. Cet été, j’ai donc lu L’herbe des nuits choisi un peu au hasard parce que c’était un livre de poche  et voici ce que j’en ai écrit à mes petits camarades de notre groupe de lecture :

Patrick Modiano – L’herbe des nuits. Sur l’idée d’un retour en arrière dans sa vie et grâce à un carnet noir, le héros revisite son passé énigmatique et flou…À l’époque, il était apprenti écrivain. Sa compagne ( ?) d’alors a-t-elle tué et qui ? Et pourquoi ? Peut-être ai-je été distrait, je n’ai pas retenu la réponse !

Mais j’avais recopié sur ce blog une interview de Patrick Modiano À propos de secrets d’écriture. Je m’attachais alors à la démarche de l’écrivain et non à son résultat ( voir article du 20 avril 2013). J’avais donc oublié cela…Or en rentrant de nos vacances, le groupe décide de lire le dernier Modiano.

Notre flair a été largement récompensé. Quelques jours après notre décision, nous étions largement informés du prix Nobel qui lui était attribué. Nous nous sommes félicités pour notre flair !

Ce blog n’a pas été pris de court !

La suite…Plus tard !

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août 1st, 2014 par Jean Sebillotte

Ora fuit l’annonce de la mort redoutée d’Ofer, son second fils, qui a rempilé dans l’armée à l’issue de son service militaire.   Nous sommes en Israël. Ofer est le filsd’Ora et d’Avram  alors qu’Adam, l’aîné, est le fils d’Ilan. Ora est  intimement liée à deux hommes, Ilan et Avram, des amis intimes que la vie a séparés, deux amis avec les quels elle a lié connaissance à la sortie de l’adolescence dans un hôpital, avec lesquels elle a conçu les deux demi-frères. Le roman recèle un immense et splendide dialogue entre Ora et Avram. Ce dernier s’est refusé à voir son fils Ofer. Ora lui raconte sa vie et celle de son fils au cours d’une randonnée en Galilée… L’amour entre eux renaît…Tout le sel de cette histoire tient à l’habileté de l’auteur qui nous dévoile progressivement la vie passée des cinq protagonistes. Le présent et le passé alternent. Le texte est continu avec de simples intervalles entre les sections (ni parties, ni chapitres). La vie en Israël nous est suggérée par la référence constante aux relations difficiles des Juifs  avec les Palestiniens et les arabes, à  la colonisation et au rôle de l’armée et, parfois, à la bible et aux fêtes et rites (La bar-mitsva d’un fils par exemple, l’achat d’aliments casher). Les noms des lieux (villages et villes), qui sont à consonances  arabes  ou juives, nous renvoient à l’étrangeté de ce pays.

Comment vous donner l’envie de lire cette brique de 782 pages dans la collection Points  du Seuil ? J’ai imaginé de fournir ci-dessous une le fac-similé d’une page de ce livre. L’ouvrage se termine par une confidence précieuse de l’auteur… (avis au lecteur : ne pas oublier de double-cliquer pour lire en grand format la page reproduite) Une femme fuyant l'annonce-blog-net

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juin 10th, 2014 par Jean Sebillotte

Il existe de nombreuses anthologies. J’en pratique surtout deux. Georges Pompidou est l’auteur de la première, un modeste et remarquable livre de poche qui embrasse l’ensemble de la poésie française. L’ouvrage de Michel Décaudin, lui, plus étoffé, avec une préface de Claude Roy, publié chez Gallimard, se cantonne au XXe siècle.

Les deux ouvrages ont le mérite d’expliquer la démarche adoptée pour retenir poètes et poèmes. Leurs introductions sont fort instructives. Pompidou ne craint pas de traiter de LA POÉSIE, puis évoque LES POETES. Claude Roy s’en tient, plus modestement, à développer son incipit : « Toute anthologie est une provocation. »

Les deux ouvrages ont en commun de citer les « grands, » ceux que personne ne songe à récuser, mais divergent quant au choix des autres. La première raison, évidente, tient au champ choisi. Rien chez Pompidou de Jammes, Paul Fort, Bataille, Spire, Jarry, Anna de Noailles, Levet, Segalen, etc. sans oublier Senghor, Desnos, Aragon, etc. Rien, dans le second ouvrage, de Deschamps, Charles d’Orléans, Villon, Sponde, Régnier, etc. La seconde raison tient à la subjectivité du choix. Ainsi, parfois, l’absence est partagée : rien, par exemple, de Cocteau, de Radiguet (Vous devez avoir tort on ne meurt pas d’ennui). dans les deux livres.  Pompidou, vu son âge, est-il objectif s’agissant du XXe siècle ? Ignorer Prévert passe mais Aragon tout en citant largement Toulet ? Arrêtons là la comparaison des deux livres. On l’a compris ils ont complémentaires.

Je ne puis que les conseiller tous deux. Peut-on d’ailleurs en poésie se passer d’anthologies, de florilèges, d’ouvrages collectifs ? Les poèmes et les poètes sont légion. Qui peut se vanter de les connaître  ? L’anthologie, cette provocation, cet arbitraire, n’est-elle pas une nécessité ?

Ayons la modestie de lire et relire les anthologies à moins de nous cantonner à quelques poètes. On peut envisager une anthologie des anthologies…L’a-t-on réalisée ?

Contentons-nous de suivre Eluard : « le meilleur choix des poèmes est celui qu’on fait pour soi. » Ce qui est une invitation à ouvrir un ou plusieurs cahiers et à y recopier les poèmes aimés, une invitation à choisir soi-même les morceaux et poètes que l’on chérit.

Pompidou, à la fin de son ouvrage, nous donne l’exemple et nous fait part de son  « univers secret » en nous livrant ses vers préférés. La place qu’il donne à Baudelaire y est considérable, ce que je ne peux que saluer !

Ma mère aimait certaines citations. De Verlaine :  Imaginez un Jardin de Lenôtre,/ correct, ridicule et charmant (elle remplaçait Imaginez par comme). De Mallarmé : La chair est triste, hélas ! Et j’ai lu tous les livres. De Claudel et du Partage de midi, il me semble qu’elle m’a appris :  Mesa, je suis Ysé, c’est moi, ce que j’ai mémorisé  ainsi : Mesa, Ysé c’est moi. Et n’est-ce pas mieux ainsi ? Comme quoi un vers peut devenir très intérieur, très personnel… et très précieux.

Promis, je vais commencer mon anthologie ! Elle n’intéressera que moi  et ne sera pas publiée…

JS

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janvier 1st, 2014 par Jean Sebillotte

Le nouveau recueil de poésie d’Annalisa Comes a été publié il y a peu par l’Harmattan. J’avais longuement évoqué son Ouvrage de dame dans un article de février 2013.

Ici, je serai plus bref. Je reproduis tout d’abord un premier poème que j’ai aimé. Il attirera, je l’espère, l’attention du lecteur…

Ancora in Occidente
Di colpo alberi, folate del vento
Contro le candele
e ondate, senza dare la mano.
La schiuma è un lievito leggere.

Encore en Occident
D’un coup arbres, rafales de vent
Contre les bougies
Et vagues, sans donner la main.
L’écume est une levure légère.

Comme dans Ouvrage de dame, on lit, à gauche, le texte italien, c’est-à-dire l’original, et, à droite, le texte traduit en français.

Ce nouvel opus est plus concret que le précédent, les textes sont moins allusifs et souvent plus longs. L’eau en fait l’unité générale comme l’illustration de Fred Charap dont les dessins en noir et blanc accompagnent le livre. Le noir intense des originaux a malheureusement disparu à l’impression, à l’exception de l’image qui orne la couverture, ce voilier perdu dans l’immensité grenue.

Dommage, et tant pis. Car nous restent 73 poésies regroupées sous le titre général, Hors terre ferme, avec en guise de seconde partie : Mer & autres eaux.

Ces poèmes sont d’abord à lire en italien, me semble-t-il, dans cette langue chantante qu’Annalisa Comes a utilisée pour nous présenter son œuvre le neuf décembre dernier à Paris. À défaut, commencer par le français…

Pour mon plaisir et, je l’espère, le vôtre, voici un fragment de L’Île aux moines :


In questo paese piatto

Dove tutto è riva

I gabbianni si arrampicano col loro fischio da bollitore

Dans ce pays plat
Où tout est rive
Les goélands montent avec leur sifflet de bouilloire

Jean Sebillotte

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septembre 11th, 2013 par Jean Sebillotte

Le livre de Klein et Perry-Salkow incite à la recherche. Je me s’y suis mis à partir de mon nom complet, soit Jean Marcel Sebillotte. Surprise : la tâche a été terrible ! Il m’a fallu des heures et des heures pour aboutir aux deux  anagrammes que voici :  Anagrammes renversantes           Mollet, je crains la bête et

 Ça ! Le Nil je l’embrase tôt !

Le troisième est-il digne de ma recherche ? Billotte, j’en écrase mal, car billotte ne figure pas au dictionnaire, que je sache à moins de citer des personnes plus ou moins célèbres, et j’en écrase est quelque peu familier et argotique !

Dans leur livre, les auteurs ne nous disent rien de leur travail. Comment s’est-il effectué ? Quelle méthode utiliser ? Le recours aux formules mathématiques a-t-il aidé ces scientifiques ? Comment ont-ils choisi leurs sujets. L’anagramme qu’il retiennent pour leurs noms les éloigne du français…Leur était-il possible d’en trouver un dans notre langue ? Le K et leW ne sont pas faciles à utiliser !

            Quel usage faire de ces résultats ? Je propose le texte suivant :

« Mollet je crains la bête. Peu costaud et peut-être timoré, je fuis et redoute l’animal dur et brutal. Je ne parais guère courageux, mais j’avoue tenir à mon intégrité. À quoi me servirait l’estafilade d’une corne de taureau, la morsure d’un requin, le coup de patte d’un ours ? » Voilà ce que me raconta Jean Marcel Sebillotte en veine de confidences. Il ajouta : « je rêvais ce matin même être en Égypte et incarner le soleil levant. J’étais le dieu Ra au petit matin et me disais : Ça ! Le Nil je l’embrase tôt. Je me réveillais tout heureux et fier de mon pouvoir ! »

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