Catégorie: Poesie
avril 6th, 2013 par Jean Sebillotte
Sollicité pour participer à une anthologie de la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie, j’ai donné ce poème inspiré de l’Ode à l’Homme de Sophocle, citée dans le blog en juillet 2012. J’en ai fait une « Adresse aux hommes au seuil du second millénaire. »
« Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’homme. »
Celui que tu chantes, Sophocle d’Ellas, n’est plus, deux fois hélas, qu’un seigneur désenchanté, par milliards multiplié, qui pille les mers, épuise les terres, réchauffe l’atmosphère, vide le monde à lui livré.
Comment arrêter cette folle course de fous déjantés se foutant de l’hiver quand ils sont en été ?
Qu’importe aux humains immatures ce que sera la nature, demain, au terme de leur course ? Ils vivent, avides, pour gonfler leur bourse, esclaves de leurs désirs sans attendre les lendemains !
Qu’importent, poètes sans luths, vos chants et vos luttes, sévères à vos yeux mais futiles aux leurs ? Est-il utile d’invoquer les Dieux peuplant des cieux qu’ils croient vides ?
Depuis toujours on tue les prophètes qui font le bilan de l’humaine folie. Mais d’autres se lèvent maintenant avertir les hommes qu’ils abrègent leur futur en gaspillant des ressources pensées infinies !
Savent-ils bien ― eux qui croient parfois la terre plate et l’homme créé en six jours, eux les pires prédateurs que la terre ait connus ― que la loi implacable de l’évolution les a déjà condamnés au sort de leurs prédécesseurs ?
Peut-on alors espérer qu’ils utilisent les progrès de leurs sciences pour permettre à leur équipée, encore brève, de s’achever dans la paix, la liberté, l’amour et la fraternité ?
Faut-il être poète pour vouloir aux siens une fin digne ou faut-il que le mal tragique accompagne encore les millénaires qui leur restent à vivre ?
Mais peut-être, Sophocle, l’homme, cette merveille, a ceci de sage qu’il vit dans l’instant, laissant à ses enfants, de générations en générations, les problèmes qu’il suscite. Car, à s’envisager condamnés, pourquoi donc être vertueux ?
Posez vos questions, n’attendez pas de réponses !
Jean Sebillotte
Publié dans Ecriture, Poesie Etiquette: Adresse aux hommes, poème, seuil du second millénaire, Sophocle
mars 2nd, 2013 par Jean Sebillotte
L’auteur écrit ici des textes qui sont des petites merveilles de poésie en prose, ou de courts récits poétiques. Le livre est illustré de petites phrases manuscrites comme celle de la couverture. Dans le corps du texte j’ai relevé ceci :
« J’ai lu plus de livres qu’un alcoolique boit de bouteilles. Je ne peux m’éloigner d’eux plus d’un jour…Le poète qui a repeint les appartements du paradis et de l’enfer, je sors ses livres du buffet où ils prennent une teinte d’icône…et délivre deux enfants dont j’époussette le costume avant de les laisser courir dans la lumière…Dante descend aux enfers comme on descend à la cave chercher une bonne bouteille… »
Ces phrases sont extraites de Vita Nova.
Un carnet aux pages bleues, inséré au milieu du livre, est dédié à sa femme, « la plus que vive. »
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février 27th, 2013 par Jean Sebillotte
Désirant travailler le graphisme de façon à marier images et texte (surtout de poésie) — dans un souci d’extrême pureté de la forme —, j’ai décidé de marier le noir, l’or et l’argent et ai expérimenté cette façon de travailler sur des modèles vivants.
Voici ce que donnent ces essais, tous de format 21×29.7 cm



Publié dans Dessins, Ecriture, Peinture, Poesie Etiquette: argent, dessin, graphisme, illustration, noir, noir-or-argent, or
février 27th, 2013 par Jean Sebillotte

OUVRAGE DE DAME d’Annalisa Comes
(aide à la traduction d’Yves Le Bris)
J’ai lu à plusieurs reprises ce livre qui m’avait attiré l’autre jour à La Vagabonde et qui m’est dédicacé. Trente trois poèmes. Sur la page de gauche la version italienne (la langue de l’auteure), sur la page de droite la traduction française. Parfois des titres, parfois rien qu’un nombre en chiffres romains (sauf pour le premier poème où il n’y a rien).
Qui suis-je pour parler d’un tel livre ? Ma réponse : un lecteur qui, lui aussi, s’efforce de traduire en poésie sentiments, impressions, paysages, instants, etc., un lecteur séduit par la musique des mots, surtout ici en italien, un lecteur étonné par le caractère déroutant de ces poèmes courts, elliptiques où la poète s’exprime de façon allusive en vers résolument libres dans une poésie libre aussi de toute règle apparente, mais d’où se dégage un style.
Des poèmes qui expriment la relation du je, du moi, avec ce tu, ce toi qui devient parfois (rarement) il, chaque poème étant comme un moment suspendu que vit celle qui évoque l’autre et leur relation.
Le lecteur ne peut qu’être surpris par de multiples variations de forme :
– la longueur inégale des poèmes,
– l’emploi de deux temps dans la même page,
– le pluriel soudain apparu :
ne piango sommessa j’en pleure à basse voix
le figure scomposte les figures décomposées
– le sens qui se perd (ce qui est habituel) :
il cortle dei monti la cour des monts
che si sperde qui nous perd
aggrigendo i cappelli grisonnant les cheveux
sempre toujours
– le regard qui change,
– l’apparition soudaine d’une virgule, d’un tiret, de deux tirets, de deux points, d’une majuscule, dans des poèmes sans ponctuation,
– l’emploi très souvent de l’infinitif,
– l’absence d’article ou d’adverbe, moi j’aurais écrit :
a te (di) liberare (l’)azzura dei capelli à toi(de)dépêtrer(le) bleu des cheveux
la cerniera della mia azzura la charnière de mon bleu
collana collier
– le heurt voulu parfois des mots ; moi, dans le poème d’au-dessus, j’aurais, comme la traduction, écrit :
la cernera della mia collana azzura !
*
A Annalisa ces vers qu’elle m’inspire :
Elle à l’ouvrage
Cachée dans le bleu du poème
Entre les murs de livres
Et lui ?
Jean Sebillotte (26 janvier 2013)
Publié dans Ecriture, Lectures, Poesie Etiquette: Annalisa, Comes, italien, L'harmattant, Ouvrage de dame, poèmes, poèmes des cinq continents
décembre 26th, 2012 par Jean Sebillotte
C’est lors de l’une de ces réunions d’anciens qui se souviennent de leur jeunesse que Gerald Leclerc et moi nous nous sommes retrouvés après 52 ans de silence. Il en est résulté une page conjointe où sont de lui les photos de ses « Lierrofolies » — fragments d’un lierre écorcé pouvant embrasser son supports ligneux —, et de moi les vers qui tentent de leur correspondre…
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