Catégorie: Lecture

octobre 13th, 2013 par Jean Sebillotte

                 Assis devant mon bol, dans le matin tranquille, je regarde le tableau que m’offre mon jardin et le clair soleil du matin.

               Son cadre est fourni par la fenêtre qui entoure une des vitres du bas. Au centre, à peine strié le tronc du bouleau pleureur que la lumière partage en deux parties, la blanche et la grise qui marque l’ombre. En haut la frange des feuilles encore vertes de l’arbre. Dans le fond, le vert bigarré de la haie vive faite de charmes et de noisetiers. À gauche, le vif bouquet des petites fleurs d’un rosier rouge ; plus à gauche, la gerbe des grandes tiges de l’anémone du Japon qui va quêter le soleil et s’offrir à lui, en envoyant en avant-garde ses fleurs d’un mauve clair. Je devine le gazon. Plus à gauche encore, formant masque, le vert très sombre du chèvrefeuille que je sais accroché au mur que je vois pas. Formant croix avec le tronc, juste derrière la fenêtre, la barre blanche d’appui soutenue par les volutes qui l’ornent.

                 Je fais un croquis rapide, imparfait et sans couleur du tableau qui va s’effacer avec l’arrivée des nuages. Je le reprends ensuite.

                 Instant zen.

                                                                                                                        Jean Sebillotte

PS – Pour ceux qui auraient fait de ce texte à peine publié une première lecture, qui en auraient vu les imperfections, je précise que je l’ai déjà repris pour en améliorer la forme.  Ainsi s’écrivent mes rubriques : avec des ratures et des repentirs.

Publié dans Articles, Dessins, Ecriture, Lecture Etiquette: , , ,

septembre 11th, 2013 par Jean Sebillotte

Le livre de Klein et Perry-Salkow incite à la recherche. Je me s’y suis mis à partir de mon nom complet, soit Jean Marcel Sebillotte. Surprise : la tâche a été terrible ! Il m’a fallu des heures et des heures pour aboutir aux deux  anagrammes que voici :  Anagrammes renversantes           Mollet, je crains la bête et

 Ça ! Le Nil je l’embrase tôt !

Le troisième est-il digne de ma recherche ? Billotte, j’en écrase mal, car billotte ne figure pas au dictionnaire, que je sache à moins de citer des personnes plus ou moins célèbres, et j’en écrase est quelque peu familier et argotique !

Dans leur livre, les auteurs ne nous disent rien de leur travail. Comment s’est-il effectué ? Quelle méthode utiliser ? Le recours aux formules mathématiques a-t-il aidé ces scientifiques ? Comment ont-ils choisi leurs sujets. L’anagramme qu’il retiennent pour leurs noms les éloigne du français…Leur était-il possible d’en trouver un dans notre langue ? Le K et leW ne sont pas faciles à utiliser !

            Quel usage faire de ces résultats ? Je propose le texte suivant :

« Mollet je crains la bête. Peu costaud et peut-être timoré, je fuis et redoute l’animal dur et brutal. Je ne parais guère courageux, mais j’avoue tenir à mon intégrité. À quoi me servirait l’estafilade d’une corne de taureau, la morsure d’un requin, le coup de patte d’un ours ? » Voilà ce que me raconta Jean Marcel Sebillotte en veine de confidences. Il ajouta : « je rêvais ce matin même être en Égypte et incarner le soleil levant. J’étais le dieu Ra au petit matin et me disais : Ça ! Le Nil je l’embrase tôt. Je me réveillais tout heureux et fier de mon pouvoir ! »

Publié dans Ecriture, Lecture, Lectures Etiquette: , , ,

août 31st, 2013 par Jean Sebillotte

            Ce livre d’Agnès Desarthe, je l’ai ai acheté par pure impulsion. C’est un livre tout récent, paru en juillet 2013, d’une romancière que je ne connaissais pas. Il m’a passionné. Et voici pourquoi :Agnès n’aime pas lire. Elle aime écrire. Elle veut, très jeune écrire.

*

            Étonnante  expérience qu’elle relate avec brio. Je ne relate ici qu’une petite partie de sa vie. La voici en khâgne au lycée Fénélon, admise car bonne angliciste.

            ― Je suis là pour l’argent…dit-elle…Il faut souffrir pour être riche,…Je suis prête à tout…

            Agnès a comme professeur madame Barberis, apôtre du structuralisme. La bibliographie qu’il faut étudier comporte une soixantaine de titres. Agnès sait qu’elle ne les lira pas. En cours, Mme B. fait étudier la casquette de Charles dans Madame Bovary !

            ― Je constate que Flaubert est fou. Fou comme Marguerite Duras…En rentrant chez moi j’ouvre un cahier et me mets à copier, à la main et mot à mot, Madame Bovary…je vais apprendre à lire…l’horizon s’élargit…

            Plus loin :

            ― Des années durant, j’ai refusé de lire parce que mon grand-père maternel a été déporté, parce que la famille de mon père a été contrainte de quitter la Lybie, puis, l’Algérie, parce que malgré nos efforts, nous n’étions jamais suffisamment français…parce que la lecture…a été associée à la France, la France du terroir… « D’où écrit-on ? » me revient avec une violence, une vigueur nouvelle. « D’où lit-on » m’entends-je y répondre.

            Plus loin encore :

            ― En sortant de ma classe de khâgne, à dix-neuf ans, je ne dis plus que je n’aime pas lire. Ce n’est plus vrai…

            Et,

            ― À l’École normale supérieure, je m épanouis comme jamais…à partir de la découverte de Singer, je me mets à pouvoir tout lire. Un verrou a sauté…Je deviens une lectrice compulsive…

 *

             Voilà ce qui m’a passionné dans ce livre : l’étrangeté d’un parcours ! C’est page 120 que se situe le sommet. Après, ce sont des analyses puis la traduction :

            ―…j’ai traduit un livre qui a changé ma vie.

 *

             Je reviendrais sur un autre passage dans un autre article. Pourquoi ne pas essayer de le lire ce livre ? Le lire, même si l’on n’est pas lecteur compulsif ?

                                                                                                                                                                                                                                                     Jean S.

Publié dans Articles, Ecriture, Lecture, Lectures Etiquette: ,

mars 2nd, 2013 par Jean Sebillotte

couverture l'homme-joie-4 L’auteur écrit ici des textes qui sont des petites merveilles de poésie en prose, ou de courts récits poétiques. Le livre est illustré de petites phrases manuscrites comme celle de la couverture. Dans le corps du texte j’ai relevé ceci :

« J’ai lu plus de livres qu’un alcoolique boit de bouteilles. Je ne peux m’éloigner d’eux plus d’un jour…Le poète qui a repeint les appartements du paradis et de l’enfer, je sors ses livres du buffet où ils prennent une teinte d’icône…et délivre deux enfants dont j’époussette le costume avant de les laisser courir dans la lumière…Dante descend aux enfers comme on descend à la cave chercher une bonne bouteille… »

Ces phrases sont extraites de Vita Nova.

Un carnet aux pages bleues, inséré au milieu du livre, est dédié à sa femme,  « la plus que vive. »

Publié dans Articles, Lecture, Lectures, Poesie Etiquette: , , ,

février 23rd, 2013 par Jean Sebillotte

L’Echo des Nouettes, sur le quel j’ai déjà écrit dans ce blog, a consacré son dossier à la lecture. J’en étais co-auteur. Voici un des articles qui se veut portrait d’une lectrice mis en parallèle avec neuf groupes de lectures recensés dans le quartier.

La lecture « plaisir solitaire ? »

Notre lectrice, que nous appellerons M., propose elle-même cette expression en souriant, au cours des deux grandes heures passées à échanger sur livres et lectures.

Plaisir…

M. le prend dans des livres appréciés au regard de multiples critères, le style en premier lieu, puis la réflexion ou le regard posé sur le monde actuel et l’exploration de mondes inventés ou de pays réels de toutes sortes. L’histoire, l’intrigue comptent aussi. Parfois l’auteur agace par ses partis pris. Depuis peu M. peut abandonner un livre en cours de route, ce qui est une liberté conquise sur la révérence passée qu’elle accordait aux auteurs !

A ces critères correspondent un grand nombre d’auteurs français et étrangers ? En réalité nous évoquons essentiellement des auteurs étrangers écrivant  des romans « traditionnels », de la science-fiction, et de la fantasy,  des romans policiers. Citons pêle-mêle Cormac Mac Carthy, Jonathan Coe, Jane Austen, K. Blixen, Mankell, E. Georges, Doris Lessing, S. King, Herbert de « Dunes, » le groupe de Missoula, Toni Morisson… Inutile d’évoquer les livres rejetés ! Notre lectrice assume ses choix qu’elle juge « éclectiques » et personnels.

 …Solitaire

Parler de livres, échanger, conseiller, quel plaisir, mais participer à un groupe de lecture ? Inutile. A raison d’un livre par semaine, M. a amplement de quoi lire et n’a pas besoin d’être incitée à ouvrir un bouquin !

N’a-t-elle pas hérité de la soif de lecture de sa famille et ne l’a-t-elle pas pratiquée dès l’enfance, à la lampe de poche sous ses draps pour échapper à l’œil parental ? Après les ouvrages enfantins et ceux des bibliothèques accessibles, il y eut ceux que son père (en province alors) faisait venir, les Dumas, Orczy, Cooper, puis plus tard les Kessel, Vercel, Kipling, Dickens. Il y eut l’attrait du fuit défendu, soustrait au père, le « J’irai cracher sur vos tombes » de B. Vian,

« L’heure joyeuse » a joué un grand rôle dans son passé de lectrice à Versailles. Il y eut là ce moment béni où M. se sentit appartenir à une communauté en lisant dans un ouvrage la mention d’un livre déjà lu ! Est-on solitaire avec ce sentiment de communier avec tant d’autres dans la même passion, le même besoin ?

 Et le livre ?

Objet culte, irremplaçable, acheté de façon compulsive à la FNAC ou ailleurs (d’où l’intérêt de la bibliothèque de la Maison de Quartier pour éviter l’orgie), décliné en cinq-six bouquins à avoir près de soi en permanence, le livre est l’alcool du lecteur, son addiction.

Publié dans Lecture Etiquette: , ,