Catégorie: Lecture

décembre 30th, 2014 par Jean Sebillotte

Je suis étonné, voire choqué que mon journal, Le Monde, ose des titres comme celui-ci : « L’Indonésie pleure les disparus  du vol d’Air Asia » ou « L’Asie endeuillée par un nouveau crash aérien », ou encore « Le projet de canal du Nicaragua cristallise la colère ». Certes, les titres sont souvent un casse-tête pour un journal. Mais, là, Le Monde me semble tomber dans un des travers communs aux médias, l’exagération inutile. L’Indonésie est peuplée de 250 millions d’habitants, l’Asie de 4.4 milliards  ! Cela fait beaucoup de gens en larmes ! Le Monde s’est peut-être procuré la recette de la colère cristallisée  ?

Les titres ne sont pas nécessairement de la plume du journaliste qui a écrit l’article. Ne naissent-il pas de l’imagination des gens qui bouclent le journal. ? Procédé littéraire, me dira-t-on. Mais je préfère d’autres façon de titrer. Ailleurs, dans d’autres pages du même numéro du Monde, le titre aurait été : « Indonésie : les passagers disparus du vol d’Air Asia ». C’est plus précis mais moins racoleur…  De même pourquoi pas simplement : « Nouveau crash aérien en Asie ». On peut préciser que ce crash est  « sans survivants » ou « très grave ».

Un journal est là pour nous informer, pas pour faire pleurer un lecteur sensible ou abuser de l’hyperbole au risque de déformer la réalité.

En élargissant, que de fois un journaliste de la télé colle un qualificatif de son invention à un assassin, L’égorgeur d’enfants par exemple, et affirme implicitement qu’on le surnomme ainsi dans sa rue, son quartier, son patelin ! Ensuite, ce qualificatif est repris comme s’il s’agissait d’une réaction des voisins, des commerçants, de la police… que sais-je encore… et permet ce titre : L’égorgeur d’enfants devant ses juges. Etc. C’est un tic journalistique assez pénible… mais quand on sait maintenant, grâce au Monde du 30 décembre 2014, que tous les Asiates étaient deuil, car enfin on voit mal une zone géographique être endeuillé, on se dit que ce tic agaçant n’est pas trop grave !

Peut-être, cet article est-il vain ! Il m’a soulagé !

Jean S.

 

 

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octobre 23rd, 2014 par Jean Sebillotte

Une anecdote. Je n’avais jamais lu du Modiano. Combler cette lacune s’imposait. Cet été, j’ai donc lu L’herbe des nuits choisi un peu au hasard parce que c’était un livre de poche  et voici ce que j’en ai écrit à mes petits camarades de notre groupe de lecture :

Patrick Modiano – L’herbe des nuits. Sur l’idée d’un retour en arrière dans sa vie et grâce à un carnet noir, le héros revisite son passé énigmatique et flou…À l’époque, il était apprenti écrivain. Sa compagne ( ?) d’alors a-t-elle tué et qui ? Et pourquoi ? Peut-être ai-je été distrait, je n’ai pas retenu la réponse !

Mais j’avais recopié sur ce blog une interview de Patrick Modiano À propos de secrets d’écriture. Je m’attachais alors à la démarche de l’écrivain et non à son résultat ( voir article du 20 avril 2013). J’avais donc oublié cela…Or en rentrant de nos vacances, le groupe décide de lire le dernier Modiano.

Notre flair a été largement récompensé. Quelques jours après notre décision, nous étions largement informés du prix Nobel qui lui était attribué. Nous nous sommes félicités pour notre flair !

Ce blog n’a pas été pris de court !

La suite…Plus tard !

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août 1st, 2014 par Jean Sebillotte

Ora fuit l’annonce de la mort redoutée d’Ofer, son second fils, qui a rempilé dans l’armée à l’issue de son service militaire.   Nous sommes en Israël. Ofer est le filsd’Ora et d’Avram  alors qu’Adam, l’aîné, est le fils d’Ilan. Ora est  intimement liée à deux hommes, Ilan et Avram, des amis intimes que la vie a séparés, deux amis avec les quels elle a lié connaissance à la sortie de l’adolescence dans un hôpital, avec lesquels elle a conçu les deux demi-frères. Le roman recèle un immense et splendide dialogue entre Ora et Avram. Ce dernier s’est refusé à voir son fils Ofer. Ora lui raconte sa vie et celle de son fils au cours d’une randonnée en Galilée… L’amour entre eux renaît…Tout le sel de cette histoire tient à l’habileté de l’auteur qui nous dévoile progressivement la vie passée des cinq protagonistes. Le présent et le passé alternent. Le texte est continu avec de simples intervalles entre les sections (ni parties, ni chapitres). La vie en Israël nous est suggérée par la référence constante aux relations difficiles des Juifs  avec les Palestiniens et les arabes, à  la colonisation et au rôle de l’armée et, parfois, à la bible et aux fêtes et rites (La bar-mitsva d’un fils par exemple, l’achat d’aliments casher). Les noms des lieux (villages et villes), qui sont à consonances  arabes  ou juives, nous renvoient à l’étrangeté de ce pays.

Comment vous donner l’envie de lire cette brique de 782 pages dans la collection Points  du Seuil ? J’ai imaginé de fournir ci-dessous une le fac-similé d’une page de ce livre. L’ouvrage se termine par une confidence précieuse de l’auteur… (avis au lecteur : ne pas oublier de double-cliquer pour lire en grand format la page reproduite) Une femme fuyant l'annonce-blog-net

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février 11th, 2014 par Jean Sebillotte

Éric Chevillard écrit, dans Le Monde des livres du 7 février 2014, un article fort drôle sur le dernier livre de Christian Bobin (Gallimard). Ayant rédigé, moi-même, un article sur ce blog en mars 2013 à propos du livre précédent de cet auteur, j’ai été amusé par le texte de Chevillard  qui dénonce,  avec sa « mauvaise ironie, » dit-il, la façon dont l’auteur, Frère lumière, chante la vie, ce à quoi il « s’efforce de puis son premier livre. »

Que ceci ne vous empêche pas de lire ce bouquin, mais en relativise la facilité. Celle-ci ne choque pas au premier livre ! Il faut dire que Bobin est un poète qui a parfois des audaces étonnantes que relève notre journaliste :  Le papillon monte au ciel en titubant comme un ivrogne. C’est la bonne façon.  Ou ceci : Il n’y a pas un instant où je ne cherche une pierre pour aiguiser l’œil.

Chevillard dénonce des bonbons de guimauve comme ceux-ci : Le ciel est un torrent qui se jette dans l’amour de Dieu. Bach compte les étincelles sur ce torrent qui coule dans l’infini ouvert d’un cœur dément.

 Il enfonce le clou en notant quelque part que « Tant de clarté nous brûle les yeux. Nous n’y voyons plus rien et l’auteur en profite pour écrire n’importe quoi. »Il conclut son article ainsi : « Christian Bobin s’enchante tout seul, il cherche l’innocence et la grâce dans une langue que l’homme a conçue pour reprendre la main sur la création, pour en chasser les dieux, pour ordonner le monde lui-même, pour substituer la poésie à l’ennui sans fin de la lumière. »

Il est vrai que Christian B. est avant tout un poète. Et c’est avec une certaine tendresse, me semble-t-il que le journaliste lui consacre un très long article qui prouve qu’il a lu à fond ce dernier bouquin.

Jean Sebillotte

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octobre 13th, 2013 par Jean Sebillotte

                 Assis devant mon bol, dans le matin tranquille, je regarde le tableau que m’offre mon jardin et le clair soleil du matin.

               Son cadre est fourni par la fenêtre qui entoure une des vitres du bas. Au centre, à peine strié le tronc du bouleau pleureur que la lumière partage en deux parties, la blanche et la grise qui marque l’ombre. En haut la frange des feuilles encore vertes de l’arbre. Dans le fond, le vert bigarré de la haie vive faite de charmes et de noisetiers. À gauche, le vif bouquet des petites fleurs d’un rosier rouge ; plus à gauche, la gerbe des grandes tiges de l’anémone du Japon qui va quêter le soleil et s’offrir à lui, en envoyant en avant-garde ses fleurs d’un mauve clair. Je devine le gazon. Plus à gauche encore, formant masque, le vert très sombre du chèvrefeuille que je sais accroché au mur que je vois pas. Formant croix avec le tronc, juste derrière la fenêtre, la barre blanche d’appui soutenue par les volutes qui l’ornent.

                 Je fais un croquis rapide, imparfait et sans couleur du tableau qui va s’effacer avec l’arrivée des nuages. Je le reprends ensuite.

                 Instant zen.

                                                                                                                        Jean Sebillotte

PS – Pour ceux qui auraient fait de ce texte à peine publié une première lecture, qui en auraient vu les imperfections, je précise que je l’ai déjà repris pour en améliorer la forme.  Ainsi s’écrivent mes rubriques : avec des ratures et des repentirs.

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