Catégorie: Articles
avril 20th, 2013 par Jean Sebillotte
Pour tenter de comprendre mon vécu de jeune auteur et examiner ma situation, je commence à me balader sur la toile. Et voici ce que je trouve sur le site « envied’ecrire.com » et reproduis ici. Il y a quelques temps, j’évoquais Elisabeth George et son livre Mes secrets d’écrivains. Peut-on imaginer des démarches aussi dissemblables ?
Un jour, peut-être, expliquerai-je la façon que j’ai trouvée d’écrire ? Il serait prétention de le faire tant que je n’ai pas trouvé d’éditeur, autre que des gens qui m’ont publié à compte d’auteur. C’est là mon point de vue actuel. Peut-être changerai-je d’avis. Chi lo sa ?
Les secrets d’écriture de Patrick Modiano
Né en 1945, Patrick Modiano est l’auteur d’une trentaine de romans publiés pour la plupart chez Gallimard. C’est en 1967 qu’il publie La Place de l’étoile, son premier roman sur l’Occupation couronné du prix Roger Nimier. Après La Ronde de nuit de 1969, il reçoit en 1972 le Grand prix du roman de l’Académie française pour Les Boulevards de ceinture. En 1978, il parvient à la consécration avec son sixième roman, Rue des boutiques obscures, en recevant le Prix Goncourt.
A l’occasion de la sortie de son roman Horizon en 2010, Patrick Modiano avait accordé un entretien au magazine français Lire.
Relisez-vous vos précédents romans avant d’écrire le nouveau ? Non, mais je suis obligé de le faire lorsque paraissent des éditions de poche. C’est très désagréable. J’ai toujours envie de corriger certains détails. C’est le problème des livres qui ont été écrits très jeune, c’est-à-dire jusqu’à 35 ou 40 ans. Vingt ans après, les lire procure un drôle d’effet. Semblable à celui que l’on ressent quand, à 60 ans, on se voit dans un film ou un documentaire à l’âge de 20 ou 30 ans… C’est très bizarre. Et cela interroge la question de l’âge. Je me demande ce que ressentent les vieux comédiens qui se revoient dans des films tournés lorsqu’ils avaient 20 ans. Ça doit être très dérangeant, non ? Se reconnaît-on ? Qui reconnaît-on ? J’ai l’impression que ce sentiment dérangeant se stabilise à partir de 45 ans. A cet âge, il peut encore y avoir des changements terribles, mais, pour l’essentiel, tout est joué.
Où situez-vous la frontière entre la fiction et le récit ? Le point de départ est toujours quelque chose de très précis qui ne relève pas de la fiction. Un détail. Ou une scène. Quelque chose qui a véritablement eu lieu. Un morceau de réalité. Après, je mélange ces bribes de réel à ce qu’elles auraient pu devenir. Et ça devient une sorte de fiction. L’horizon est né de cette façon : la scène primitive est une scène où je voyais quelqu’un attendre une autre personne à la sortie d’un bureau.
Comment écrivez-vous ? Je pars du concret pour aller vers la fiction. J’utilise souvent le nom de personnes qui ont vraiment existé parce que ça m’aide à soutenir l’échafaudage. Je détourne leurs noms, bien sûr.
Quelle est votre unité première : la phrase, le paragraphe ? La phrase. La première phrase, la plupart du temps. Mais quand on écrit, on part à l’aveuglette. Pendant le premier mois, je me sens très souvent découragé, je me demande si je dois continuer. C’est comme si je conduisais en plein brouillard, sans rien voir devant moi mais je poursuis ma route, sans savoir où aller, avec parfois la sensation ou la crainte de m’être engagé dans une voie sans issue. Mais ce qui est très bizarre, c’est que, quand j’ai cette intuition de m’être engagé sur une fausse route, j’essaie de rattraper la route principale plutôt que de faire marche arrière. Au lieu d’abandonner, de me dire : « C’est une fausse piste, il faut que j’arrête, tant pis », je continue et j’essaie de rattraper la route principale.
Avez-vous connu ce sentiment avec tous vos romans ? Oui, tous. Pour certains, il y a peut-être eu une petite ligne droite… Mais je ne suis pas comme ces écrivains qui tracent le sillon avec constance et confiance. Il y a toujours ou presque ce détour et cette sensation, au dernier moment, d’être comme un trapéziste qui parvient, in extremis, à rattraper le trapèze qu’on lui a lancé.
Par quel moyen (ou quel miracle) retrouvez-vous le chemin ? Comment rattrapez-vous le trapèze ? Par la phrase, justement. Un paragraphe ou une page qui me semblent catastrophiques le soir peuvent être rétablis le lendemain matin par une phrase. Ou en supprimant quelque chose. Mais j’ai, chaque matin, une impression de rattrapage de ce que j’ai fait la veille. Je n’ai jamais connu cette impression d’écrire en ligne droite. C’est comme si vous naviguiez en essayant d’éviter les écueils et que, au dernier moment, vous les contourniez. Utiliser des blocs de réalité, notamment des noms propres de gens que j’ai pu croiser, m’aide à effectuer ce rattrapage. Quelquefois, je cannibalise certains trucs, c’est-à-dire que je me sers de plusieurs segments qui pourraient chacun être un roman différent.
Ce qui explique que le lecteur ait souvent l’impression, à vous lire, que tel ou tel passage pourrait être le point de départ d’un autre roman…Oui, j’en suis tout à fait conscient. Pour essayer de redresser la barre, je me sers de segments qui auraient pu être développés dans des romans ultérieurs mais que j’ai besoin de mettre bout à bout dans celui qui est en cours d’écriture. Je suis comme quelqu’un qui essaie de trouver un dopage artificiel. Je cherche ce qui pourrait me stimuler. En joaillerie, on appelle cela un serti invisible. C’est-à-dire que l’on ne s’aperçoit pas de la mise bout à bout de plusieurs segments, on ne voit que la fluidité. J’essaie de travailler ainsi. Ou plutôt, je ne peux que travailler ainsi. Ce qui me laisse toujours un sentiment assez désagréable.
Mais faut-il déduire de cette méthode que vous n’avez pas un rapport heureux à l’écriture ? Non. Ce qui aggrave mon cas, c’est cette rêverie préalable à tout commencement d’écriture et dont j’ai besoin avant de passer à l’acte. Je suis comme ces gens qui sont au bord d’une piscine et attendent des heures avant de plonger : écrire, pour moi, est quelque chose de désagréable, donc je suis obligé de rêver beaucoup avant de m’y mettre, de trouver des façons de rendre agréable ce travail assez long et difficile, de trouver un dopant. J’ai d’ailleurs compris, maintenant, la raison de l’alcoolisme de beaucoup de grands écrivains : je crois qu’il s’agit de cette perpétuelle baisse de tension et l’alcool fonctionne comme le grand dopant, même quand on a fini d’écrire.
Et vous, quel est votre dopant ? L’alcool ? Non, pas du tout. Je marche beaucoup. Je rêvasse. Je me mets dans une sorte d’état second à partir de morceaux de réalité, souvent du passé, parfois des noms propres. Cette perpétuelle hésitation transparaît peut-être dans mes livres… Je ne me rends pas compte.
Non, justement. (…) Pour arriver à cette fluidité, faites-vous un gros travail de réécriture ? Non. Je corrige parfois quelques phrases, bien sûr, mais lorsque j’ai terminé un livre, je ne le récris pas, je ne fais pas de changements, je ne le reprends pas. Il est écrit.
Quelle est votre discipline ? Si on n’arrive pas à écrire tous les jours, on perd le fil et le découragement s’installe. On se dit « à quoi bon ? » et c’est foutu ! J’écris tous les jours pour ne pas laisser le découragement s’installer en moi. Et parce que j’aurais trop de mal à reprendre après une interruption, même brève. On perd facilement le fil, dans ce genre de travail, vous savez… D’autant que, comme je vous l’ai dit, je ne vois jamais le but vers lequel mes livres tendent. Si je laisse passer un jour, je suis perdu. Je navigue à l’aveuglette, donc je dois naviguer chaque jour, sinon je coule.
Ce qui est frappant, c’est que vous n’avez aucune vue d’ensemble sur le livre que vous êtes en train d’écrire… Oui, en effet. Je sais que la plupart des écrivains savent où ils vont. Enfin, un peu… Moi, pas du tout. Tout en sachant, puisque je parviens, je crois, à redresser la barre.
Publié dans Articles, Ecriture, Lectures Etiquette: écriture, Secrets d'écriture, témoignage
mars 2nd, 2013 par Jean Sebillotte
L’auteur écrit ici des textes qui sont des petites merveilles de poésie en prose, ou de courts récits poétiques. Le livre est illustré de petites phrases manuscrites comme celle de la couverture. Dans le corps du texte j’ai relevé ceci :
« J’ai lu plus de livres qu’un alcoolique boit de bouteilles. Je ne peux m’éloigner d’eux plus d’un jour…Le poète qui a repeint les appartements du paradis et de l’enfer, je sors ses livres du buffet où ils prennent une teinte d’icône…et délivre deux enfants dont j’époussette le costume avant de les laisser courir dans la lumière…Dante descend aux enfers comme on descend à la cave chercher une bonne bouteille… »
Ces phrases sont extraites de Vita Nova.
Un carnet aux pages bleues, inséré au milieu du livre, est dédié à sa femme, « la plus que vive. »
Publié dans Articles, Lecture, Lectures, Poesie Etiquette: Christian Bobin, homme-joie, joie, poèmes en prose
novembre 26th, 2012 par Jean Sebillotte
Il n’est pas aisé à tous de s’exprimer sur internet, surtout à notre génération. Il n’est pas non plus aisé de parler à un de ses proches de ce qu’il écrit ou produit. Ceci explique que je recueille de nombreux avis oraux ou écrits tout simplement dans des mails. Je vais tenter d’en traduire certains ici.
1 – A propos de mon blog, cet avis : « Bravo pour ton blog et tout ce qu’il montre de ta vie créatrice et intellectuelle ! Et il est très bien fait. » Voilà qui fait plaisir et qui récompense de l’effort consenti !
2 – A propos de mon roman, j’ai eu certaines conversations avec des proches qui tournent autour de quelques idées centrales.
« Il fallait le faire ! » Autrement dit bravo d’être allé au bout. Fallait-il le publier ? Question que je me pose depuis longtemps (le 10 juin j’évoquais cette question dans ce blog). Dans l’ensemble mes interlocuteurs pensent que j’ai eu raison d’aller au bout, y compris de la publication à compte d’auteur. Moi, je ne sais pas. La question mériterait d’être fouillée. J’esquisse ici quelques considérations à ce sujet. La première : le livre une fois livré au « public » m’est devenu comme étranger et je peux passer à l’œuvre suivante avec l’illusion et la certitude que je l’aborderai avec plus de méthode et de façon plus romancée, en référence à Kundera ― personne n’a réagi à la citation que j’ai insérée dans Henri ou le legs…. ―. De Kundera j’ai retenu qu’il importait d’avoir un thème fort dans un roman. J’en ai trouvé un que je ne dévoilerai pas ici. Bien sûr j’avais le thème du premier roman mais il n’est pas aussi fort que cela. Seconde considération : avec du recul, je m’aperçois que j’ai eu le culot de parler de l’écriture d’un roman alors que j’en écrivais un pour la première fois, et de façon que je juge imparfaite ! Un troisième point de vue : dorénavant mes proches me demandent ce que je vais écrire…comme s’il était normal et légitime que je persévère !
Mon roman serait « autobiographique. » Enfin ce n’est pas exactement cela : il serait « bien de toi, » (c’est moi qui traduis ainsi la pensée de mes interlocuteurs). Plus précisément « on t’y retrouve, on y reconnaît tes idées. » Ou encore : « c’est toi éclaté. » C’est sûrement vrai. Mais il est certain qu’il y a toujours quelque chose de soi quand on écrit…Pourtant que de choses imaginées dans Henri et ses personnages. Aucun qui me soit proche. De Newark et de Bécon-les-Bruyères, je ne sais rien de plus que ce que j’ai écrit. Je n’ai jamais été au Proche-Orient ni au Darfour, ni en Indochine…De la CIA et du pétrole que sais-je ? De la Tunis de ma jeunesse, je n’ai retenu que le nom d’une avenue et d’une famille ! Il est vrai qu’il n’en va pas de même du quartier latin. Quant à Versailles, il m’était commode de l’utiliser puisque j’y habite. En définitive, il y a bien peu de moi, sauf à travers Henri, peut-être, la manie des idées ! Mais suis-je bien placé pour donner un avis ?
L’intrigue étonne. Ce qui me plait. Personne ne m’a dit : « cela me fait penser à… » Voilà un grand compliment non formulé. Il en va un peu de même pour ma peinture et ceci depuis l’origine. De plagiat, point. L’histoire paraît compliquée à certains et presque tous mes lecteurs ont eu de la peine à entrer dans le roman. Là, je me rends compte que j’ai certainement mal goupillé le début, car la suite semble couler plus facilement.
Enfin, mon style n’appelle pas de critiques véritables. Le livre est lisible. Certains ont trouvé qu’il « était bien écrit. » Pour les dialogues, je ne suis vraiment satisfait que du langage de Paulette et du détective final. Voilà une des difficultés du romancier que j’ai découverte et qui me fera beaucoup travailler à l’avenir.
Enfin personne ne m’a dit ou osé me dire : « c’est nul à chier. » Sincérité ou manque de courage ?
Certains par contre ont été sensibles aux fautes d’orthographe et de typographie…
*
Faut-il réécrire un livre déjà publié ? Voici l’avis d’un neveu très cher :
« Je crois du reste, pour ce qui concerne ton roman, et même si je comprends l’envie de le « reprendre », qu’il serait peut-être plus fructueux de te mettre à un autre texte, plutôt que d’en livrer une version de plus. Il est un moment où l’on a « rendu sa copie » et ce qui est perçu comme améliorable est seulement un acquis pour le prochain livre, une conscience de plus de ce qu’est le travail littéraire. De fait, on passe sa vie à se remettre au même « ouvrage », à dire (tenter de) la même chose, mais à chaque fois à partir de briques différentes. Il serait peut-être plus dynamique de démarrer un autre projet, nourri de toute l’expérience acquise, quitte à reprendre des manières et propos déjà travaillés et mis en mots dans cet « Henri » inaugural. Pour ma part, je n’en ai pas encore repris la lecture, car il me reste bien en mémoire (dans ses états antérieurs successifs) et je crains si je ne laisse pas passer un peu de temps, de ne pas être suffisamment « naïf » pour goûter cette version largement revue. »
*
Voici un autre échange à propos d’Henri : Tout part d’un mot reçu le 15 octobre 2012
Cher Jean,
J’ai bien reçu votre livre et ai attendu de l’avoir lu pour vous parler. Il est d’une telle richesse et d’une si grande complexité narrative et thématique qu’au début on s’y perd un peu, et que sa lecture demande un constant effort de récapitulation, de repérage, de “rétablissement”. Il y a de très belles pages sur le plan humanitaire et historique, votre expérience est un riche terreau, et on comprend que vous ayez voulu en faire un livre. Mais étant donné la problématique de la narration, et le “mystère” d’un legs qui livre sans livrer tout en livrant, peut-être, le mystère essentiel, j’aurais aimé que votre livre fût plus volumineux, car il me semble que vous pouviez “exploiter” (pardon pour ce verbe) tout ce vécu avec plus de “littérature” (au bon sens du mot, je crois qu’il y en a un…).
On s’attache beaucoup au personnage d’Henri, qui cultive avec un grand art, voire un peu de perversité, les zones obscures de sa vie. Le lecteur que je suis, et qui a beaucoup aimé et étudié l’auteur sous l’auteur, les personnages cachés dans le je, qui cumule l’universalité des pronoms de la conjugaison, a parfois regretté, comme “l’équipe rédactionnelle” de sa vraie-fausse et impossible autobiographie, d’être souvent promené d’une hypothèse ou d’une angoisse à une autre… Même si j’ai été sensible, bien sûr, en tant qu’ancien étudiant parisien, à tout ce qui passe dans votre livre de notre lourd et compliqué passé (le passé ne l’est-il pas toujours) ?
Votre livre est une sorte de gageure, de lutte contre le temps, l’oubli, les erreurs commises ou omises tout au long de nos existences. C’était très audacieux, et je ne vous dirai pas, très franchement, que votre pari est entièrement gagné, mais qu’on ne peut rester insensible à ce que vous avez voulu dire – et qui est si difficile à dire
Ce qui m’a principalement épaté, dans votre livre, qu’on hésite quand même à appeler un roman, c’est votre vaste connaissance de quantité de problèmes politiques, nationaux ou internationaux, que vous exposez parfois de façon trop elliptique ou trop savante pour le lecteur moyen que je suis (en économie en tout cas !), et qui doivent intimider pas mal de “littéraires”. Un peu plus de “lubrifiant” psychologique ou littéraire m’aurait personnellement aidé à suivre le développement et l’action de vos personnages, qui sont très peu décrits “de l’extérieur”…
Ne prenez pas mes remarques, cher Jean, pour une critique négative de votre livre, je vous remercie de me l’avoir adressé et ai pris beaucoup d’intérêt à faire le tour de ce “monument à Henri”. Je me demande même, indiscrètement, comme doit le faire tout lecteur accroché, quelle part de vous-même il y a chez Henri. C’est le grand et éternel secret de la littérature, qui fait semblant de livrer des clés, alors qu’elle verrouille bien davantage les placards avec leurs “cadavres” !…
Un dernier point (mais non le moindre !). Je dois vous avouer franchement que je ne trouve pas l’aspect typographique et orthographique de votre livre “à la hauteur” de son ambition et que, sans être spécialement puriste, je regrette que votre imprimeur n’ait pas eu dans son équipe quelqu’un capable de relire attentivement le texte, pour éviter les très nombreuses coquilles…
Cher Jean, merci encore de votre envoi et de votre confiance, je vous adresse l’expression de mes sentiments les plus amicaux,
Jean-Paul Colin
Ce que j’ai écrit le 18 octobre 2012
Cher Jean-Paul,
Je tarde, je tarde…avec de bonnes raisons. Mais elles n’excuseraient pas un silence trop prolongé.
Votre longue analyse m’a beaucoup plu. OK mille fois pour la forme typographique et orthographique. C’est le piège de l’auto édition !
Sur le volet « autobiographique », je répondrai plus tard.
Reste la longueur, la difficulté d’entrer dans le livre et autres défauts. J’en suis conscient. Je peux même dire que j’en étais conscient au moment du passage à l’acte de l’édition.
Enfin, il y a cette question de la « littérature » et du « roman. » C’est bien difficile. Par analogie je pense à mon fils hautboïste qui se désolait du son de son instrument, son qui n’était pas assez « rond. » Comment définir la rondeur de ce son du hautbois ?
Sachez que je suis tenté par la réécriture partielle de cet ouvrage (en en changeant le titre…simplement). Pour le début du roman je vois bien que j’ai trop compliqué les choses. Il fallait adopter une chronologie différente. Le personnage de François est trop « pâle, » etc. De manière littéraire pourquoi ne pas introduire un narrateur omniscient extérieur au « Je » actuel. Bref il y a des tas de choses à améliorer…
Je complèterai ultérieurement cette réponse rapide !
Très cordialement et mille mercis pour cette lecture attentive et justement critique.
Jean S.
PS – Je me suis lancé dans un blog. En voici l’adresse : https://jean-sebillotte.fr/. Est-il concevable que j’y intègre votre texte ? A moins que vous ne le mettiez vous-même en commentaire ? A moins que vous ne souhaitiez pas de publicité, mais qui connais Jean-Paul sans son nom de famille ?
Réponse de Jean-Paul Colin du 18 octobre
Cher Jean,
Merci de votre réponse, on pourra recauser de tout cela, je pense ! D’accord pour me “faire de la pub avec votre blog ! L’amour-sale d’auteur, on sait ce que c’est ! »
Bien amicalement,
Jean-Paul
Publié dans Articles, Ecriture Etiquette: avis sur Henri, avsi sur le blog
novembre 22nd, 2012 par Jean Sebillotte
Ce livre remarquable, dont j’ai inséré les deux couvertures dans cet article, traduit la trace profonde laissée par Michel, mon frère, décédé le 7 avril 2010. J’ai été associé à cet hommage qui comprend une introduction intitulée « Vie et œuvre de Michel Sebillotte : quelques repères » rédigée par Jean Boiffin.
Je participe à ce livre par un article sur la genèse de Ferti-Mieux. J’étais à ce moment -là, au ministère de l’environnement, l’animateur d’une équipe, » la mission Eau-Nitrates « , chargée d’animer l’action qui débutait pour limiter la pollution des eaux par les nitrates et phosphates d’origine agricole (qui sera étendue plus tard aux pesticides). A ce titre, la mission assurait le secrétariat d’un comité (le Corpen) rassemblant toutes les personnes morales et physiques concernées. Mon article traite donc d’un aspect particulier de l’action où Michel a joué un rôle majeur. Mais j’ajoute ici ce que je n’ai pas écrit : le Corpen et la mission avaient largement préparé le terrain, mobilisant beaucoup des agronomes de terrain qui avaient été formés par Michel et son équipe d’enseignants de l’Agro, et finançant de nombreux travaux effectués dans la France entière. J’ajoute aussi que j’’étais moi-même membre des deux comités qui « géraient » l’opération Ferti-mieux.
Mais notre collaboration à tous deux, nos relations étaient plus anciennes. Je pense intéressant ici de donner un complément à l’article de Jean Boiffin et un aperçu sur mon propre parcours.
*
Michel et moi étions les aînés d’une famille de cinq. Du fait de la guerre, de facteurs propres à lui, Michel était en retard dans ses études et moi en légère avance. Pour mes parents il n’y avait pour nous qu’un collège possible, près de Tunis , qui se muait en un simple internat quand, à partir de la 3ème, nous allions au lycée de Carthage. Ainsi, malgré les deux ans qui nous séparaient, nous nous sommes trouvés dans la même classe, de la 6ème à la première. Michel resta ensuite en France pour la terminale et moi en Tunisie. J’y fis avec succès Sciences Ex. Il me fallut cependant refaire une année de terminale en France pour entrer en préparation au lycée Henri IV. J’y rejoignis mon frère qui avait repris une année d’avance…Mais lui en cube, moi en carré, nous nous sommes retrouvés dans la même classe ! Encore une fois ! Puis condisciples à l’Agro !
Etrange destin dont je tairai ici les arrière-plans, sauf pour souligner combien il a impliqué de rivalité et de complicité. De là vient à mon avis une partie de la rage au travail de Michel, de sa volonté de réussite. De nos parents aussi, car les cinq enfants sont des acharnés, me semble-t-il.
Ce que dit Jean Boiffin sur Maknassy (l’exploitation créée par mon père, gérée par lui avec l’appui constant de ma mère) et le rôle paternel est justement souligné pour Michel.
Il l’est pour moi !
J’ai dans ce blog fait largement mention du 6ème tome des mémoires paternelles. Le lecteur peut s’y reporter, puis les commander et se mettre à lire. Il comprendra.
Michel, très tôt, comme aîné, se voyait en « repreneur », en « successeur potentiel ou associé » de mon père qui lui a clairement signifié que la ferme (mot impropre toujours utilisé) ne pouvait pas faire vivre deux ménages.
Si mon frère aîné voulait être agriculteur et à défaut peut-être agronome, je ne voulais pas du tout devenir agriculteur, mais pourquoi pas agronome ? L’économie agricole m’attirait, un peu pour les mêmes raisons. Mon père nous a bien inculqué (plus par l’exemple de sa vie, et l’exposé de ses problèmes que par une pédagogie particulière) que tout se tenait. De là vient notre conscience aigüe de la notion de « système. » Ma vocation pour l’économie est, elle aussi, fondée sur le fait que tout se tient dans une exploitation agricole. S’y ajoute la perception très vive de l’importance de l’argent pour un agriculteur. C’est à Maknassy que j’ai appris cette loi essentielle qui veut que le dernier quintal fasse le revenu. Plus tard j’ai dû expliquer aux écolos qu’il était rationnel de mettre plutôt trop d’un engrais azoté peu cher que de risquer de perdre les derniers kilos ou quintaux d’une céréale (toutes choses égales par ailleurs) !
*
Ce détour pour éclairer les tous débuts professionnels de Michel. Il se trouve ― et cela complète sa biographie ― qu’il s’est d’abord tourné vers Valdeyron connu en Tunisie dans notre jeunesse puis subi comme professeur de génétique. Avec lui Michel se faisait ch…à compter des drosophiles. C’était, je pense, avant son service militaire. Je suivais un an après lui mais sans que nous en discutions. Nous vivions notre vie (enfin ?). L’arrivée d’Hénin (j’en reparlerai) s’annonçait. Les « vieux assistants » n’avaient aucun avenir. L’un d’eux, Fraigneaud, m’a dit « les Sebillotte on vous aime bien, il y a une place pour l’un de vous à la chaire. » J’en ai un souvenir assez vif et ce sont à peu près les termes employés. J’étais quant à moi en fin d’agriculture-élevage (3ème année) et même de l’ENSSAA (4ème année). Le service militaire était à accomplir. J’avais hésité à entrer à l’INRA-Economie. Bergmann (professeur d’économie rurale de l’Agro) m’avait conseillé la voie technique. Je pensais entrer à la SARV (conçue comme un service régional étatique de « développement agricole » pluridisciplinaire, qui se serait appuyé sur la recherche d’une part et sur le conseil agricole départemental, d’autre part). Beau projet mort-né !
Michel finissait son service militaire. Je lui ai transmis l’info. Là s’est arrêté mon rôle. Ceci se situe en amont de la rencontre Michel–Hénin relatée par Jean Boiffin.
*
La SARV n’ayant pas vu le jour, je suis devenu prof. durant six mois en collège agricole (à Châtillon-sur-Seine), puis assistant d’économie rurale à Grignon (domaine : gestion de l’exploitation). Michel assistant à l’Agro, moi à Grignon…Beau parallélisme ! Une voie bouchée pour moi…J’ai ripé ailleurs. Toujours dans des domaines où l’exploitation agricole était l’unité centrale de mon action.
Nous n’avons jamais cessé nos relations sur le plan professionnel. Ainsi Michel m’a mis en relation avec une boite d’études avec laquelle il avait travaillé (en Afrique Noire, notamment), m’a introduit pour un long article au journal de la France Agricole dont il était, à l’époque, un collaborateur permanent (voir sa biographie). Plus tard, j’ai pu, par exemple, recruter des élèves de Michel, participer à certaines formations à sa demande. Plus tard encore je suis intervenu dans des sessions de la Relance Agronomique. Une fois au ministère de l’environnement, j’ai pu aider financièrement pas mal d’initiatives de terrain, divers colloques, dont l’un d’hommages à Hénin. J’ai pu discuter avec Michel de ma démarche et, par exemple, du bilan de l’azote pour une exploitation, outil créé par la mission Eau-nNtrates (et qui doit beaucoup à P. Bédékovic) et largement utilisé ensuite par les agronomes de terrain, outil qu’il rebaptisa « Balance ». Pour lui ce n’était pas un bilan…Et pourtant…
*
Un mot sur Stéphane Hénin. Ce chercheur de l’INRA a été, un moment, professeur à l’Agro. Je l’ai vraiment connu au ministère de l’environnement. Membre du Corpen, il jouait un rôle important dans ce ministère pauvre en hommes mais avec des crédits de recherche. Grâce à lui, j’ai pris contact avec la recherche scientifique agronomique de l’époque. Il a été un guide avisé. Malgré ses 80 ans, c’était un homme dynamique. Je lui dois beaucoup…comme Michel.
J’ai été économiste, spécialisé en gestion, membre de la Société Française d’Economie Rurale. Micro-économiste, j’ai traité de pas mal de sujets qui concernaient l’exploitation agricole au sens « classique » du terme. J’ai été très impliqué dans la naissance de la gestion financière de l’exploitation agricole, puis suis revenu à l’agronomie par le biais d’un Corpen dont je pense avoir orienté correctement de nombreux travaux et prises de position. Au ministère de l’environnement j’ai été aussi chef du bureau des eaux souterraines et devais suivre les affaire d’eau potable…L’agronomie et l’économie m’ont alors bien servi !
*
C’est dire combien cet ouvrage collectif remarquable a de l’importance pour Michel et pour moi. Je recommande sa lecture aux siens et…à mes futurs biographes !
Jean Sebillotte (novembre 2012)
PS- Ma mère aimait citer ces vers : « Gémir pleurer prier est également lâche / Fais énergiquement ta longue et lourde tâche / Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler / Puis après comme moi souffre et meurs sans parler. »
Une fois enclenchée, la vie crée des obligations. C’est très (trop) tard que j’ai découvert peinture, poésie, écriture, mais j’ai aussi pris beaucoup de plaisir à mon travail professionnel dans lequel j’ai mis en général de la passion !
Publié dans Articles, Ecriture, Lecture Etiquette: Hénin, Hommages, Jean Boiffin, livre lu, livre recommandé, Michel Sebillotte, Thierry Doré
août 26th, 2012 par Jean Sebillotte
Comme le lecteur de ce blog l’aura constaté, je me suis lancé après bien des hésitations dans la publication d’un premier roman. Je le savais plein de défauts. Il m’aurait fallu le réécrire. J’y ai pensé, des proches m’en ont dissuadé. A quoi bon s’acharner, une fois l’œuvre achevée, à vouloir la reprendre ? Il leur semblait préférable que je me mette à un nouvel ouvrage.
Selon Elisabeth George (EG), dans Mes secrets d’écrivain — livre prêté, que je viens de lire et que je relirai —, l’idéal est d’avoir talent, passion et discipline. On a alors toutes chances d’être publié. J’ai la passion, je peux acquérir la discipline….mais le talent, ce quelque chose qui fait l’artiste ?
Ai-je le talent ?
Ce qui m’encourage est le sous-titre choisi par EG : Ecrire un roman, ça s’apprend ! J’ai déjà beaucoup appris en écrivant Henri ou le legs d’une écriture. Mais il me reste tant de choses à maîtriser pour écrire mon nouveau roman. Je le ferai en m’appliquant à bien prendre en compte les conseils d’Elisabeth relatifs à l’idée, la recherche, l’intrigue, les personnages, l’accroche, le point de vue (objectif, omniscient ou celui des personnages-points de vue avec leurs voix accompagnées d’un ton et d’une attitude), les dialogues, la scène, le suspense, les décors, le paysage, le canevas, le séquencier (sic), l’écriture du premier jet, la relecture rapide, la rédaction de l’argumentaire, l’appui d’un lecteur à froid, le troisième jet si nécessaire…
Elisabeth écrit heureusement : « Rappelez-vous que la seule règle est qu’il n’y a pas de règle, et s’il y a un domaine où cette non-règle s’applique c’est bien la structure du récit. » Elle prend alors pour exemple Faulkner !
Me voilà en partie rassuré. Mais si j’avais lu son bouquin avant d’écrire Henri ou le legs d’une écriture, peut-être me serais-je détourné de l’aventure, renâclant devant l’obstacle comme un cheval rétif…Heureusement, la passion était là comme la discipline (même imparfaite)…
Qui vivra, verra !
Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre d’EG. Il ne s’adresse pas aux seuls écrivains de polars, genre où notre romancière excelle. Son livre, de plus de 300 pages, est sorti en avril 2011 des Presses de la Cité.
Publié dans Articles, Ecriture, Lecture Etiquette: 2crire un roman ça s'apprend, Elisabeth George, Secrets d'écrivains