Sven Lindqvist, plusieurs années après ses premiers voyages sahariens, en recommence un qui le conduit plus au sud et rejoint la partie nord de l’Afrique peuplée de noirs. Il se centre surtout sur la façon dont se comportent les Anglo-saxons et développe la partie relative à la conquête du Congo au profit du roi des Belges Léopold II. Il traite incidemment aussi de quelques faits coloniaux français.
Cette seconde partie du livre – qui a pour titre Exterminez toutes ces brutes, phrase tirée du livre de J. Conrad, Au coeur des ténèbres – est différente de la précédente car rédigée avec un recours considérable à une documentation référencée dans le texte. Lindqvist cite notamment Anna Arendt et Les origine du totalitarisme. Cette partie du livre se veut voyage saharien (récit du voyage, rêves, retour sur la jeunesse) et simultanément histoire de la colonisation et approche théorique de l’évolution sociale aboutissant aux drames que nous connaissons. On part de la colonisation pour en arriver à Hitler, le nazisme et la Shoah
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Cette fois, Sven L part d’El Goléa pour se rendre à In Salah. Il traverse le Tademaït, « le déserts des déserts». A In Salah, il reste quelques jours, occasion pour évoquer le sort terribles des noirs pendant la colonisation. Rien à voir avec son premier voyage. Il cite des passages entiers de divers ouvrages de missionnaires, d’explorateurs. Ce ne sont au début que des idées nobles, qui justifient la colonisation (apprendre à lire et écrire, convertir, faire travailler des indigènes indolents… bref apporter la civilisation qui ne peut être qu’européenne !). L’Europe, mais surtout l’Angleterre de la reine Victoria domine le mode et les mers… Puis peu à peu l’exploitation des peuples se fait plus exigeante, plus dure, meurtrière. L’Afrique se dépeuple… Les blancs manient la chicotte, redoutable fouet de lanières de cuir qui tue au bout d’un certain nombre de coups.
In Salah est une ville de 25000 habitants « noirs pour la plupart » écrit Sven L. qui en profite pour nous raconter les aventures de Stanley, Kitchener au Congo et au Soudan. Des héros fêtés en Europe, surtout en Belgique. Sven L. explique ensuite la supériorité militaire écrasante des Européen (fusils, canon, poudre, acier contre des ennemis impuissants et tués à distance…)
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Puis Lindqkist se dirige vers Tam (Tamanrasset). 600 km en bus. Nous voilà avec Wells et Graham. Ce dernier est un critique lucide de la colonisation. Toujours des références à J. Conrad
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Puis c’est le voyage vers Arlit au nord du Niger. On se rapproche du continent noir…Au passage on a appris l’esclavage des noirs par les arabes… On découvre aussi l’impact de Cuvier : des espèces sont désormais éteintes ! Coup de tonnerre ! Puis c’est Darwin et Lamarck : l’évolution devient concevable… Avec une espèce au sommet de l’évolution… Nous, les blancs européens.
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Sven part pour Agadès. I l nous raconte l’histoire des « Guanches »qui vivaient dans les Canaries et qui furent décimés voir complètement exterminés comme les Tasmaniens. Suivent des pages sur le racisme. J’y reviendrai. Sven Lindqvist finit son voyage dans le Niger et son livre ainsi : « Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences. »