décembre 15th, 2015 par Jean Sebillotte
Poésie et prose, voilà un gisement de sujets de dissertation. Voir des corrigés sur internet et, probablement, dans des annales littéraires ! À l’autodidacte que je suis, tout paraît neuf et tout semble avoir été dit sur l’écriture qu’elle soit de prose ou de poésie. Pourtant, je la vis cette écriture, je la pratique et l’expérimente… Et je constate que de m’atteler au roman, me rend plus difficile la poésie.
La difficulté vient-elle de l’intrigue ? Comment écrire 200 pages sans elle ? Vient-elle des personnages ? En poésie, le « je » me semble prédominer. Dans le roman, il s’agit de faire s’exprimer des personnages et de les habiter. Ainsi, certains, peu nombreux, ont jugé Fred peu crédible. Il me semble, pour synthétiser les critiques, qu’il est « trop ». J’aurais dû peut-être le simplifier et mieux l’expliquer. Avec sa femme, il aurait dû se cultiver, s’inscrire dans un groupe d’écriture, lire beaucoup en ayant un petit boulot alimentaire. Sa passion littéraire d’autodidacte l’aurait poussé vers le 6e de façon plus crédible comme ses relations avec René et Ingrid. Son passé de résilient aurait expliqué son attirance-répulsion pour le monde des SDF… Cette personnalité si riche aurait été mieux comprise.
Peut-être…
Imagine-t-on ces problèmes quand on écrit de la poésie ? Les pièces que j’aime écrire sont brèves. L’écriture en est ardue. Il m’est arrivé de mettre quatre ans à résoudre le problème que me posait un quatrain !
Cet été, Terpsychore, association de poètes, m’a demandé un poème. J’étais en province, fort démuni. J’ai accédé à mes « réserves », assez insuffisantes je penses, et j’ai fourni le poème suivant :
À l’été
Étonnante cornue,
L’été, en nos logis,
Réchauffe nos corps nus
Qu’il délaisse rougis,
Allongés et brûlants,
Aux désirs inassouvis,
Aux pensers indolents
Aux secrètes envies.
Étranges nudités
Fantasmes inavoués
Moiteurs imméritées,
Aux siestes dévoués.
Été des volets clos
De la lumière rare
Des gestes à peine éclos
Des caresses sans fards,
Que j’aime ta chaleur.
Mais,
S’en vient subreptice,
L’Équinoxe voleur,
Ce cadeau du solstice,
Nous noyer de ses pluies
Pour emplir à nouveau
Nos nappes et nos puits
Qu’il remet à niveau.
Ce texte insuffisamment travaillé, rédigé peut-être dans la hâte, une fois édité (Anthologie poétique Terpsychore n°75), m’a laissé insatisfait. J’y suis prisonnier de la rime, de l’alternance et des six pieds retenus. Je viens, alors que mon roman est en stand by, en situation d’attente pour relecture, de me remettre à travailler ce poème. En voici la forme améliorée, plus libre et, pour moi, plus poétique car plus musicale et plus légère :
Étés
Des corps nus,
Rougis et brûlants,
Étés inassouvis
De pensers indolents,
De secrètes envies,
De fantasmes inavoués,
De moiteurs imméritées,
Étés
Des volets clos,
De la lumière rare,
Des caresses sans fards,
Étés,
Aux siestes voués,
Étés,
Étonnantes cornues,
Étés,
Méfiez vous :
L’équinoxe et le solstice,
Ces retors,
Subreptices
Et voleurs,
Viendront rendre froides des ardeurs
Et geler des remords
Qu’ici j’avoue.
Faut-il pour la prose un tel travail ? Je ne le sais pas. Mais je sais maintenant combien il m’est difficile d’écrire un roman avec une écriture poétique.
J’en admire encore plus Victor Hugo, grand poète et grand prosateur. Qui conteste son génie ? Cela va bien au-delà des questions techniques. Mais il m’apparaît qu’il avait ce don extraordinaire d’utiliser l’ensemble des figures de styles dont les poètes sont friands, qui vont de l’antiphrase à la synecdoque (Les voiles au loin descendent vers Honfleur) en passant par l’antithèse (…un homme est là… Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile…). Et dans sa prose, il était capable de la même performance. Combien de phrases des Misérables sont des alexandrins fort bien balancés.
Bref, j’ai beaucoup à apprendre et il est bien tard dans ma vie !
Jean Sebillotte
http://www.espacefrancais.com/les-figures-de-style/#La-synecdoque
http://www.poesie-terpsichore.eu/
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mai 11th, 2014 par Jean Sebillotte
Amis lecteurs, ce blog m’est précieux par la certitude que certains me lisent. Écrire sans interlocuteurs n’est pas vraiment tenable. D’où l’intérêt de participer à des concours pour soumettre certaines œuvres à des jurys de pairs.
Il en va de même pour la peinture. La pratique des salons n’a pas d’autre intérêt que de recueillir le jugement, en général sans concession, des amateurs et des professionnels.
Ce n’est pas vanité mais nécessité vitale pour l’artiste.
C’est pourquoi je fais ici mention des prix que je reçois. Le dernier est celui de l’association Terpsichore http://www.poesie-terpsichore.eu/ qui m’a donné un prix pour ce poème court sur le thème imposé de l’art (celui du Printemps des poètes, plus précisément intitulé « Au cœur des arts. »)
L’art est divin
L’art est mystère
Et nous tentons ô chimère
Par nos petites manœuvres
De l’enfermer dans nos œuvres
Par bonheur l’effort est vain
S
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