août 11th, 2016 par Jean Sebillotte

Couverture Pierre Desproges- reductionPierre Desproges, c’est toi qui as écrit et dit à la radio, pendant de longs mois, ta haine ordinaire. Le 24 mars 1986 tu as conclu ainsi ta chronique intitulée Les compassés  par ce final patriotique : Quant à ces féroces soldats, je le dis, c’est pas pour cafter, mais y font rien qu’à mugir dans nos campagnes.  C’était la première fois que tu écrivais ça. Tu as repris souvent cette conclusion. Puis le 24 juin, c’est devenu : Quant à ce sang impur, je le dis, c’est pas pour cafter, mais y fait rien qu’abreuver nos sillons.

Je t’entends plus, camarade, depuis longtemps et pour cause : Je veux pas cafter, mais le 18 avril 1988 t’as rien fait que ficher le camp je sais pas où.

Moi, mes crocs niquent la mort et ces salauds de djihadistes qui la sèment un peu partout, la mort.

Une personne du sexe et du Maroc que je croquais nue, en tout bien tout honneur – c’était pour l’art graphique et j’étais pas seul à tirer le portrait de son corps –, m’a dit s’être mise en colère. C’était il y a quelques années, avant la mode mortifère des frères-musulmans-salafistes-islamistes-citoyens-de-l’État-islamique. Cette camarade d’atelier, musulmane ouverte et artiste, mère de famille honorable, s’était trouvée à déambuler derrière une sorte de cercueil vertical emmailloté dans des voiles noirs. Son sang s’était mis en pétard. Elle avait rattrapé le cercueil, l’avait dépassé pour le mordre. Elle l’avait pas fait. Y avait une créature cachée dans ce noir, qu’elle m’avait dit. Je le savais mais le choc, t’imagines pas, c’était les yeux. J’étais braquée par une mitrailleuse à travers une mince fente, pas celle à la quelle tu penses trop, non, la fente de la tourelle d’un char. Des yeux-tueurs, elle avait la bonne femme !

A l’époque, c’était pas une kamikaze cette femme-cercueil. Le niqab n’était pas encore interdit dans la rue.

Maintenant je lui dirais : T’étais folle. Cette nana c’était peut-être une candidate au djihad. À Rakka, la racaille te lapide sans oublier de te violer  avant, voile ou pas ! Pas de petit profit pour le djihadiste, ce dangereux débile,  résidu de prisons,  minable malfrat ou vieux guerrier de tous les djihads de la terre, qui ne pense qu’à tuer et aussi, s’il le peut, à baiser, en prime, en avance sur le paradis. Le mec te dira« Allah Akbar ! Je te tue, femme dépravée et impudique qui offense Dieu et son Prophète, mauvaise musulmane, ennemie de la vraie religion, je te nique et je t’égorge devant les caméras. Nous serons  sur internet… Toi, tu verras rien mais ta photo de bête égorgée mes frères la verront. Putain va ! Moi, je me ferai  péter en martyr en tuant tout plein de  cochons d’infidèles, de croisés, de musulmans mécréants, et j’irai au paradis où j’aurai plein de femmes ».

Pierre, d’où tu es, les vois-tu ces couillons qui ne veulent ni dessin, ni peinture, ni la peau nue des femmes, ni musique, ni  danse, ni  alcool, ni rires, ni tabac, ni lecture hors le Coran, ces couillons qui veulent un niquab pour les femmes, de la barbe pour les hommes, des drapeaux noirs, des kalaches, des explosifs…  ou à défaut des couteaux ou des bagnoles pour écraser ?

En attendant, on peut s’acheter son niqab sur Amazon et surtout son burkini qui est un niqab de plage, un voile pas tout à fait intégral, bien plaisant, de toutes les formes et toutes les couleurs, un voile qui peut révéler les formes sans cacher le visage… Les femmes sont malines et coquettes.

 

Quant aux djihadistes, je te le dis, c’est pas pour cafter, mais y font rien que de nous faire chanter la Marseillaise.  

                                                                                                     JS

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