janvier 19th, 2013 par Jean Sebillotte

Faisant partie d’un atelier de lecture fort sympathique— que je vous présenterai davantage quand notre journal de quartier, L’Echo des Nouettes, déjà mentionné ici en 2012, sera tiré et diffusé — j’ai bénéficié de séquences d’écriture. Plus récemment,  je me suis inscrit dans un atelier qui venait d’ouvrir à Versailles à la librairie La Vagabonde. Je ne peux qu’encourager ceux que cela intéresserait à participer à de tels groupes. Il en existe beaucoup plus qu’on ne croit !

Voici un premier résultat que je vous livre ici.  Il s’agissait d’écrire brièvement sur un objet tiré à l’aveugle d’un sac. Il y eut des textes très originaux et très divers. Voici le mien qui bénéficia d’observations fort pertinentes.

 

Coquille Saint-Jacques

Hommage aux écrivains brefs

 

On trouve la coquille de ce bivalve à l’étal des poissonniers, remplie de son fruit ― vivant muscle blanc orné d’un corail orange. Avec ses compagnes tapies au fond de la mer elle est pêchée à la drague du côté de Cherbourg.

Une fois ôté et jeté le couvercle de sa double cuirasse, notre plaisir est de déguster le mollusque, revenu à la poêle avec de l’endive finement coupée (cuisson légère et délicate), et replacé dans la coquille du dessous. Celle-ci est nettoyée après le repas et rangée. On ne  sait jamais : elle peut resservir, ne serait-ce que de cendrier.

Regardez-la cette vasque qui a son avers et son revers, comme une pièce de monnaie ― je me demande si elle n’a pas servi à commercer dans les temps anciens―. La partie extérieure, posée au fond de l’eau, combine un triangle bombé et rainuré, bordé d’un large cercle, et un rectangle plat, support de la charnière qui réunit ce fond creux et le couvercle plat, ignoré ici, tous deux protégeant ce fruit délicat de la mer. La couleur extérieure de cette carapace est bigarrée alliant le blanc et l’ocre rouge. L’intérieur est le brillant berceau nacré de ce mets de choix.

Oh ! Coquille, petite coque ou erreur typographique que le correcteur a laissé passer, que tu as été utile au graphiste qui a fait de toi l’emblème d’une des plus puissantes des multinationales du monde : la Royal Deutch Shell (Shell et coquille sont, pour nos cousins d’au-delà de la Manche, une même chose).

Si l’on remonte le temps et l’on te donne ton nom véritable, te voici compagne des pèlerins le long des chemins qui les mènent à Compostelle.

Que de choses il y aurait à dire encore ! Mais le temps me manque et je crains de vous lasser.

Jean Sebillotte                                                                 

 

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