Je classe mes lectures selon leur genre. L’actualité via les journaux et les débats repris parfois sur internet. Cette lecture-audition n’est pas complètement de la lecture mais plutôt de l’investigation. La science-fiction qui est une recherche de la part d’un auteur sur un avenir possible, ou la vie dans un monde imaginé. Le roman policier qui, quand il est bon, me convie ou m’associe à une recherche. L’ouvrage de philo qui répond à une question que je me pose. L’essai de la même façon.
Et le roman.
Le roman, c’est ce que nous lisons dans mon groupe de lecture. Du coup, je lis des romans variés en plus de ceux que j’achète ou que je relis en utilisant ma bibliothèque. Et là, je m’aperçois que j’aime les genres qui se rapprochent des types précédents. Peut-être faut-il ajouter le genre de l’histoire quand elle m’apporte une clarté nouvelle sur un thème ou une période. Ainsi j’ai beaucoup apprécié Le choc des civilisations de Samuel Huntington, à la fois historique et tentant de répondre à de multiples questions que je me pose.
Cette nuit, sans sommeil pendant trop longtemps, j’ai dicté quelques phrases au logiciel de mon smartphone qui enregistre et traduit la parole en texte. J’ai bien entendu remanié ce texte car, parfois, l’appareil me restitue quelque chose de loufoque ! « Ce que j’aime dans le roman c’est la capacité de l’auteur à inventer une histoire et je n’aime pas le roman qui n’est que le récit d’une vie, pour moi banale, d’une vie courante. Autant lire une biographie. Que m’importe un cours de sociologie illustré ? Il y a des exceptions. Proust a fait de sa vie un roman ou plutôt l’inverse. C’est beau. Mais ce que j’aime le plus c’est la capacité d’invention et de réflexion d’un auteur, la traduction de quelque chose qui n’est pas facile à expliquer, pas facile à justifier. A mes yeux Kafka est extraordinaire. Je ne suis pas sorti indemne de La Métamorphose ».
C’était la nuit. C’était confus… Le plus clair c’était mon envie de dénoncer le roman-autofiction et de dire mon admiration pour les inventeurs d’histoires qui explorent autre chose que leur ego. Ainsi, parmi les grands romans je situe Les Misérables. Dans ce grand roman, extrêmement puissant, Hugo ne parle pas de lui. Il crée vraiment et ne raconte pas sa vie. Qu’on songe à Jules Verne encore lu malgré un style vieilli et tant d’autres !
Et toi, ami lecteur, qu’aimes-tu le plus ?
Et la poésie ?
Jean Sébillotte invite à une réflexion sur le roman, vaste sujet ! Pour moi, le roman « à partir d’une histoire vraie » qui ne serait qu’un récit personnel manque d’intérêt quand il n’expose qu’une situation très particulière, où se déploie à loisir l’ego de l’auteur. Pourtant, lorsque le récit prend une dimension plus universelle, il peut me parler aussi de moi, éclaire mes zones de doute, mes questionnements, mes enthousiasmes.
Ce qui fait la force d’un roman, c’est le souffle créatif d’une l’écriture intense, la façon de traiter le sujet, plus que le sujet lui-même. La mise en scène d’une vie, même banale, peut prendre un relief inattendu selon un certain regard porté sur elle. Est-il possible à l’auteur de s’abstraire de son histoire personnelle ? Même une narration de science-fiction ne porte-t-elle pas toujours la trace des événements, des émotions, des rencontres qui ont façonné son auteur? Je confirme qu’une autobiographie qui ne reste qu’un récit d’épisodes manque d’intérêt. Mais si l’ordinaire est .transcendé, il prend une autre dimension.
Tout dépend du talent de son auteur. Voilà pourquoi Victor Hugo, Proust ou Jules Verne sont si exceptionnels même quand ils racontent l’horreur ou le sordide. Peut-on assigner à une oeuvre littéraire l’appartenance à une catégorie nettement définie? Je ne le pense pas.
Chantal,
Je suis d’accord avec toi. C’est pourquoi j’ai tant aimé Les Misérables… Joël Dicker avec ses polars a conquis une place appréciable dans l’actualité du roman. Quant à la fiction, j’adore Asimov !
On peut s’entendre donc !