Il est fort probable que d’autres aient écrit sur ce thème. Ils ne pouvaient, cependant faire état de mon expérience.
Depuis l’origine de mon activité picturale, il m’est apparu que le dessin, beaucoup plus que la peinture, était extrêmement varié quant à ses techniques. Cela tient en partie au support le plus répandu : le papier. Bien sûr, le dessin existe sur d’autres supports, comme les parois de la grotte Chauvet, couvertes de peintures mais aussi de dessins (là, nos ancêtres artistes utilisaient déjà le charbon de bois, comme nous continuons à le faire !), comme les poteries, et surtout comme le papyrus, le parchemin…
Mais le papier a triomphé.
Mentionnons l’estampe sous toutes ses formes qui a ceci de passionnant qu’elle exige le dessin sur un support intermédiaire (métal, bois, pierre, linoléum, carton, pierre…) qui sera encré et mis au contact du support final, le papier.
Du support, passons à l’outil : le choix est alors très vaste, de la pointe (pointe d’argent, bâton de charbon, fusain, mine de plomb, crayons variés, craie, pastel,…) à la pointe humidifiée d’encre (bambou, plumes et, maintenant marqueurs de tous genres,…), jusque au pinceau.
Un détour : je suis aussi frappé de la réaction des amateurs de peinture qui me disent tous : « tu as un style, on te reconnaît ». D’autres ajoutent : « c’est une chance » ! D’autres enfin me disent clairement que je dois approfondir mais ne pas changer. Et je constate que c’est le chemin de tous les grands créateurs à quelques exceptions assez rares. « Le style est l’homme même », a écrit Buffon (un mien cousin par les femmes, eh oui ! je suis cousins de Buffon !). Qu’en est-il du dessin, cet outil idéal d’exploration, d’expérimentation, d’invention ? Le dessin doit-il suivre le même chemin ? Conduire à un style ? Je le pense. Mais le style s’affirmera dans un type de dessin (plume, crayon, avec ou sans couleur…).
Ainsi, j’ai pratiqué dès mes débuts une technique mixte : plume à l’encre sépia mais aussi aux autres encres de couleur mélangée au pinceau par de l’aquarelle sur papier pur chiffon. J’obtenais des choses du genre de Mon petit Rembrandt !
J’ai réalisé dans ce genre (dans ce style ?) de nombreuses œuvres assez différentes. C’était un travail original que mes détracteurs qualifiaient de gravure coloriée… Pourtant, c’était tout autre chose, car j’aboutissais au mariage intime du papier, du trait et de la couleur !
Puis, j’ai abandonné cette « manière » où j’avais ma place et mon style. J’ai exploré d’autres approches tout en gardant le goût du travail à la plume. En ce moment, je m’amuse à passer de ce dernier à une oeuvre de plus en plus simplifiée. J’utilise, pour cela des marqueurs. Voici un exemple de ce parcours.
Conçu ainsi, le dessin est recherche autant que résultat. Le dessin peut être varié à l’infini. Le dessin est une approche humble, compagne de la plupart des artistes.
Et je retrouve, dans mon travail actuel, une des caractéristiques de ma peinture : la simplification et le découpage par plans assez homogènes. Si, en peinture, j’ai eu Matisse parmi mes inspirateurs, je le retrouve dans certains dessins ! Un amateur qui regarde cela rapidement verra-t-il l’homogénéité de la démarche ? Qu’importe ? J’aurai jubilé en dessinant. Voici un nu extrêmement simplifié que j’aime beaucoup :
Autant je peux m’arrêter de peindre, autant je ne m’arrêterai pas de dessiner !
Jean S.
Jean, j’ai déjà lu ce billet le jour même ou le lendemain de sa publication. Il m’a fort intéressée mais je n’ai pas vu de commentaire à faire : j’ai une culture picturale bien pauvre et donc je n’ai rien d’intelligent à dire. Mais en surfant à nouveau sur ton blog, je me dis que quand-même j’aimerais bien laisser un mot. Toujours aussi dépourvue que la dernière fois car n’ayant guère gagné en culture générale depuis le 12 juin dernier, me vient néanmoins, cette idée absolument incroyablement ébouriffante : te laisser un commentaire d’une inouïe profondeur, consistant à te dire que j’aime bien ton billet !
C’est chose faite, donc !
Bon sinon mes boules de potimarron dans lesquelles je plaçais tant d’espoir ont claqué. Néanmoins, cela n’a plus aucun rapport avec ton billet !
Sans rapport avec le billet, mais en étroite relation avec la culture des plantes en bac sur les balcons, je pense que tes plantes ont eu très soif ces jours-ci qui ont été fort secs. Si les petits fruits ont claqué (éclaté ?), peut-être est-ce dû à un stress hydrique. C’est compliqué une plante. À mon avis continue à soigner tes potimarrons, il te remercierons peut-être ! Mon cerisier le plus récent, un bigarreau, trop vif, trop « poussant », ne donnait que des fruits qui éclataient et pourrissaient… Cette année, nous nous sommes gavés de cerises, au moment où j’envisageait de supprimer l’arbre ! L’a-t-il senti ? Un cerisier est peut-être plus intelligent qu’un potimarron ?
Cette analyse psychologique jette pour moi un éclairage nouveau sur le comportement des boules de potimarron. Peut-être juge-t-il que je ne suis pas assez présente alors qu’il a sûrement d’autres copains potimarrons dont les jardiniers sont là entre midi et deux et à 16 h ? Et de dépit, il en ferait éclater ses boules ? Quand il sera grand, il comprendra ! (que c’est pour payer son terreau tout ça !)
J’avais déjà lu ton article et je savais que je devais y revenir. Je suis fascinée par le travail de simplification dont tu parles et que tu démontres. Et moi aussi j’aime beaucoup ton nu de dos. Je crois que c’est ce que j’admire le plus chez les dessinateurs comme toi, cette possibilité de suggérer par le dépouillement et la simplification. C’est un appel puissant à l’imagination de celui qui regarde un tel dessin. A l’émotion aussi : c’est très curieux, l’émotion est là et elle n’est pas liée à la connaissance du modèle ni même des circonstances de la création mais il me semble qu’elle est appelée par une expérience plus globale de la vie, peut-être une constellation de petites madeleines de Proust, d’autant plus facilement disponibles que le trait du dessinateur ne s’est pas noyé dans les précisions inutiles.
Ah ! Maxence ! Que j’apprécie ton commentaire. Tu as pigé ma démarche et tu l’enrichis. Picasso avec son Don Quichotte me procure la même sensation que pour toi le nu de dos qui est un de mes meilleurs dessins ! Vraiment je suis heureux de ton commentaire !
Plongé dans Victor Hugo, je vais rédiger un petit texte car je le trouve étonnant ce Victor Hugo…
Oui pour une fois je suis contente d’avoir réussi à exprimer un truc assez profondément ressenti et contente de cet unisson avec toi. A propos de V.Hugo, tu as sûrement repéré que sur France Inter tous les matins, à 7h54, Guillaume Galienne dit des textes de V.H. A podcaster si trop tôt. Bon Victor Hugo !