A propos du colonialisme au travers de deux livres – Première approche

Les hasards de la vie m’ont fait lire en même temps, en octobre-novembre 2024, Le voyage saharien de Sven Lindqvist et Le rêve celte de Mario Vargas Llosa.

Le premier, suédois,  aborde le colonialisme de façon littéraire en voyageant plusieurs fois au Sahara et mêlant le récit de ses voyage à la lecture des écrivains du passé qui ont vécu l’époque en étant insensibles au fait colonial (Gide, Saint Exupéry et bien d’autres) ou, au contraire, l’ayant vécu dans leur chair si je puis dire.

Le second retrace de façon romanesque –  mais très soucieuse de la vérité historique – la vie de Roger Casement figure étonnante de l’anticolonialisme anglo-saxon de la fin du 19e siècle et du début du 20e au Congo et au Pérou puis en Irlande, à l’époque colonisée par l’Angleterre.

La lecture de ces deux livres m’a vivement intéressé ; Moi, fils de colon du sud tunisien, ces livres ne pouvaient me laisser indifférent… Je ne connais pas le désert mais je l’ai approché et enfant en 1942-43 j’ai vécu enfant dans une des grandes oasis de l’Afrique du Nord. J’ai connu le dénuement de ce sud qui n’était pourtant pas encore le désert. J’ai connu une vie sans électricité, sans médecin, une campagne qui pouvait être aride, où l’eau manquait jusqu’à un sondage miraculeux qui a changé la vie de mon colon de père , peu de temps avant l’indépendance (1956).

 Qui dit colon dit possession de la terre, traitement  et emploi des indigènes.

On peut dès lors simplifier les choses : le méchant colon venu là pour s’enrichir sur le dos de la population locale, l’exterminant en partie, la dépossédant de son sol, l’exploitant par le travail forcé, le tout sous la protection de l’armée et d’une justice aux ordres.

Or ma lecture de Lindqvist, de Liosa et de bien d’autres, mon expérience personnelle m’ont persuadé qu’il y a eu des colonialismes et des colonisations très différentes. L’histoire le prouve. La colonisation de la Tunisie et du Maroc n’ont rien à voir avec la sanglante conquête de l’Algérie où le schéma précédent peut s’appliquer. Idem pour le Maroc et L’ex-Sahara espagnol, objet encore à l’heure actuelle d’une guerre larvée avec le Front Polisario soutenu par l’Algérie. Le voyage récent de Macron au Maroc nous le rappelle.

Une fois pour toute il faut distinguer les colonisations. Par exemple celle du Nord de l’Afrique n’avait en aucun but religieux ni la prétention de « civiliser » des populations analphabêtes. Les Français savaient que les Maures étaient montés jusqu’à Poitiers et avaient des siècles durant colonisé l’Espagne, le Portugal, la Sicile. Tunisie et Algérie étaient encore turques lors de l’aventure coloniale.

Ceci posé, il y a un phénomène général de colonisation du monde par l’Europe à partir, disons pour simplifier, de la Renaissance.

J’aborderai ce point dans un autre article en mettant l’accent sur le cas du Congo plus que sur celui de l’Afrique du Nord.

                                                                                                                                             JS

novembre 12th, 2024 par