juin 12th, 2015 par Jean Sebillotte
Il est fort probable que d’autres aient écrit sur ce thème. Ils ne pouvaient, cependant faire état de mon expérience.
Depuis l’origine de mon activité picturale, il m’est apparu que le dessin, beaucoup plus que la peinture, était extrêmement varié quant à ses techniques. Cela tient en partie au support le plus répandu : le papier. Bien sûr, le dessin existe sur d’autres supports, comme les parois de la grotte Chauvet, couvertes de peintures mais aussi de dessins (là, nos ancêtres artistes utilisaient déjà le charbon de bois, comme nous continuons à le faire !), comme les poteries, et surtout comme le papyrus, le parchemin…
Mais le papier a triomphé.
Mentionnons l’estampe sous toutes ses formes qui a ceci de passionnant qu’elle exige le dessin sur un support intermédiaire (métal, bois, pierre, linoléum, carton, pierre…) qui sera encré et mis au contact du support final, le papier.
Du support, passons à l’outil : le choix est alors très vaste, de la pointe (pointe d’argent, bâton de charbon, fusain, mine de plomb, crayons variés, craie, pastel,…) à la pointe humidifiée d’encre (bambou, plumes et, maintenant marqueurs de tous genres,…), jusque au pinceau.
Un détour : je suis aussi frappé de la réaction des amateurs de peinture qui me disent tous : « tu as un style, on te reconnaît ». D’autres ajoutent : « c’est une chance » ! D’autres enfin me disent clairement que je dois approfondir mais ne pas changer. Et je constate que c’est le chemin de tous les grands créateurs à quelques exceptions assez rares. « Le style est l’homme même », a écrit Buffon (un mien cousin par les femmes, eh oui ! je suis cousins de Buffon !). Qu’en est-il du dessin, cet outil idéal d’exploration, d’expérimentation, d’invention ? Le dessin doit-il suivre le même chemin ? Conduire à un style ? Je le pense. Mais le style s’affirmera dans un type de dessin (plume, crayon, avec ou sans couleur…).
Ainsi, j’ai pratiqué dès mes débuts une technique mixte : plume à l’encre sépia mais aussi aux autres encres de couleur mélangée au pinceau par de l’aquarelle sur papier pur chiffon. J’obtenais des choses du genre de Mon petit Rembrandt !
J’ai réalisé dans ce genre (dans ce style ?) de nombreuses œuvres assez différentes. C’était un travail original que mes détracteurs qualifiaient de gravure coloriée… Pourtant, c’était tout autre chose, car j’aboutissais au mariage intime du papier, du trait et de la couleur !
Puis, j’ai abandonné cette « manière » où j’avais ma place et mon style. J’ai exploré d’autres approches tout en gardant le goût du travail à la plume. En ce moment, je m’amuse à passer de ce dernier à une oeuvre de plus en plus simplifiée. J’utilise, pour cela des marqueurs. Voici un exemple de ce parcours.
Conçu ainsi, le dessin est recherche autant que résultat. Le dessin peut être varié à l’infini. Le dessin est une approche humble, compagne de la plupart des artistes.
Et je retrouve, dans mon travail actuel, une des caractéristiques de ma peinture : la simplification et le découpage par plans assez homogènes. Si, en peinture, j’ai eu Matisse parmi mes inspirateurs, je le retrouve dans certains dessins ! Un amateur qui regarde cela rapidement verra-t-il l’homogénéité de la démarche ? Qu’importe ? J’aurai jubilé en dessinant. Voici un nu extrêmement simplifié que j’aime beaucoup :
Autant je peux m’arrêter de peindre, autant je ne m’arrêterai pas de dessiner !
Jean S.
Publié dans Dessins, Peinture Etiquette: Eloge du dessin ; dessin et style ; Dessin et simplification ; Dessin et recherche