C’est le diable qui tient les fils qui nous remuent !
Baudelaire
Satan c’est moi. L’ange Lucifer, « porteur de lumière, » révolté contre son créateur et maintenant maître du mal, c’est moi. La Bible, dans sa Genèse le révèle aux sémites, aux gens du Livre.
J’ai bien d’autres noms car je suis un et multiple : Azazel, Satan, Démon, Belzebuth, Asmodée, Méphistophélès. Je suis le diviseur, le tentateur, épaulé par des myriades d’esprits dévoués au mal, voués à lui, à moi donc.
Je suis le maître de l’Enfer. Oui ! Rimbaud en a décrit une saison en de nombreuses pages… ce dont j’ai joui. C’est Moi qui l’ai incité à séduire Verlaine. Rimbaud ma seconde victoire après ce diable de Baudelaire dont j’ai respiré avec délectation Les fleurs du Mal et dont j’ai aimé –si Satan peut aimer – dont j’ai aimé, dis-je, qu’il m’adresse des « Litanies » et me dise en refrain : « O Satan, prends pitié de ma longue misère ! » Sa misère vient de moi ! Pourquoi aurais-je pitié ?
II
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O Dieu ! que nous l’aimons, moi et tous mes démons,
Notre noire puissance, notre intense jouissance,
Notre mal implacable, ce mal inexpiable !
Nous vous la dédions, nous tous qui blasphémons
Depuis notre naissance, cette vive souffrance !
Ce mal impénétrable vous vient de moi, le Diable.
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III
Ah ! que le Mal est bon
Bien fait par un démon !
Le Mal je l’ai semé
Et je l’ai fait aimer.
Partout et en tous lieux,
Se prenant pour des dieux,
J’ai flatté les tyrans,
Les ai rendus méchants.
Regardez donc le monde :
Ces créatures immondes
Qui prennent le pouvoir
Et interdisent l’espoir.
Attisant les conflits,
J’encourage délits,
Zizanies, tyrannies,
Folies et insanies,
Me réjouis des guerres !
Ici comme naguère,
J’aime les trahisons,
Les viles corruptions.
Pourquoi ces crimes atroces ?
Pourquoi ces viols féroces ?
Ces parents maltraitants
Méchamment leurs enfants ?
Moi prince des ténèbres,
Aimant les soirs funèbres,
Décidément odieux,
Déchu, je défie Dieu !
Je suis indestructible
Et le monde corruptible !
Bref le Mal vient de moi,
Ceci dit sans émoi…
IV
Des vices j’ai fait l’inventaire
A toute vertu j’associe son contraire
Les liste des méfaits est immense
Je m’en repais c’est ma récompense
Car propager le mal est un labeur
Sans fin sans joie sans bonheur
V
C’est moi Méphistophélès
Que les impies délaissent,
Car tous ces ignorants
Nient et Dieu et Satan !
Jean Sebillotte