Ce livre lu dans ma jeunesse, en 1956, à un moment de maladie, de fatigue extrême et de stress, m’avait fait grande impression, comme le film célèbre de Bresson. Une amie, Monique Gosselin, universitaire spécialiste de Bernanos, a écrit récemment un essai approfondi, « Bernanos romancier du surnaturel » aux Éditions Pierre Guillaume de Roux, où elle rend compte de la modernité de six des œuvres de Bernanos « jugées souvent désuètes » qui « peuvent cependant toucher les lecteurs d’aujourd’hui, fussent-ils étrangers au catholicisme, voire au message chrétien ».
La relecture m’a plu. Mais il est vrai que j’ai été imbibé de religion catholique. J’en sais les fondements, les rites, la place de la hiérarchie et des clercs, donc d’un curé, dans l’Église.
Ce qui m’a frappé est la qualité de l’écriture. Ce qui fascine aussi c’est le personnage de ce prêtre « au douloureux itinéraire… vers une sainteté qui s’ignore ». Le livre peut rebuter. Il a vieilli quand il décrit la vie institutionnelle et humaine du curé d’une petite paroisse rurale dans les années 30. Il demeure vigoureux pour quiconque se sent concerné par le « surnaturel », le bien, le mal, le péché, la mort, la grâce… le Christ et son message…
Le curé d’Ambricourt est un être pur, qui se heurte à lui-même, à ses paroissiens et à leur manque de foi, au monde et aux compromissions de l’Église.
Je suis incapable, ici, de résumer un tel livre. Lisez-le ! Ensuite lisez Monique Gosselin. Ou inversement !
JS
Après un échange avec Monique Gosselin, je veux souligner la foi de Bernanos qui prend le message en bloc, sans faire « son marché ». Son héros croit même à son ange gardien. Une telle foi ne peut exister sans des doutes terribles, que Monique m’a dit ête le propre de Bernanos.