J’ai par devers moi un troisième volume de poèmes. Je vais chercher un éditeur… je ne l’ai pas encore fait, trop pris par l’exposition… Chez mes amis Mauvais j’ai lu trois poèmes. Impossible de retrouver le troisième… Qu’importe : voici les deux premiers et un autre que j’aime :
Photos d’une modèle
La fille que je vois dans cet hebdo glacé
Est une vraie victime
Du système et du fric étroitement enlacés
La mode n’a rien d’intime
On doit donc l’exposer, et même l’exhiber
Cette esclave modèle
Et pour cette raison il ne faut prohiber
Aucune photo d’elle
Il faut bien habiller mais aussi dévoiler
Cette chair exposée
Cette chair très maigre que l’on fait défiler
Cette chair proposée
La fille apparemment s’y prête volontiers
Attitude blasée
Sourire compassé comportement altier
Elle paraît déphasée
La fille boudeuse squelette déguisé
À la taille ficelle
Aux seins menus si peu marqués et suggérés
Evoque la pucelle
Pourquoi ce fil de fer aimé des couturiers
La pose convenue
Qui singe le noble et non le roturier
Et ceci presque nue
Pourquoi y ajouter ce visage chagrin
Ce visage misandre
Cet air-là est-il pris pour marquer le dédain
J’avoue ne pas comprendre
Cela me fâche fort Je ferme le magazine
Ces clichés fabriqués
Insultent les beaux-arts me renvoient à l’usine
Des gens bien trop friqués
Quintette à vent
Du hautbois la stridence
Pour mon cœur qui souffre
Du basson la voix basse
Pour mon cœur qui vibre
Du cor le cuivre grave
Pour mon cœur si triste
De la flute le souffle
Pour mon cœur ému
Et la clarinette
Pour mon cœur perdu
J’y ajoute :
Méditerranée
L’agave qui meurt
Lance au ciel sa fleur
Seul demeure
Le pied séché
Qu’effleure
Le soleil achéen
Etirant l’ombre ébréchée
Sur un sol amer
Avec au loin
La mer
Jean Sebillotte