N’est-il pas terriblement banal de rappeler l’importance essentielle de la contrainte ? Pourquoi ajouter ces lignes à toutes celles qui on traité le sujet ? Ne faudrait-il pas lire et rendre compte du dernier opus savant, la dernière thèse centrée sur cette question ? Ne faudrait-il pas évoquer les mathématiques, les sciences dures, etc.
À quoi, j’objecte qu’avec une telle attitude, je sombrerais dans l’essai et entamerais à mon tour un ouvrage. Je n’ai rien du savant épistémologue apte à traiter de ce sujet.
Je l’aborde donc à ma façon empirique, et au ras du sol, de vieux peintre et de jeune écrivain.
En peinture, nous respectons le plan borné par des limites admises ou choisies, la figuration ou non, etc. En dessin idem. Sauf à peindre des surfaces courbes, des statues, des plafonds…Un tel fera des monochromes, Soulage ira plus loin se bornant en général au noir et au tableau plan. Voilà l’usage de contraintes extrèmes…
En écriture, le plus célèbre exemple de l’usage de la contrainte n’est-il pas celui de la poésie ? Les formes en sont déterminées par l’auteur lui-même ou lui sont imposées par le milieu dans le quel il baigne.
Prenons le haïku. En voici les règles, les contraintes. Je cite ici diverses sources qu’il est inutile de citer. La règle essentielle : dire des choses simples avec des mots simples dans un style simple. Plus précisément se borner à 17 syllabes réparties en trois lignes de 5, 7, 5 syllabes ; faire en sorte que le haïku puisse être lu à haute voix en un seul souffle ; introduire le plus souvent deux images, la première situant le poème dans le temps et l’espace, la seconde montrant un élément inattendu, insolite, étonnant ; séparer les deux images d’une césure ou d’un mot-pivot pour éviter que le haïku soit une même et seule phrase ; utiliser un mot ou une expression de saison qui situe le moment de l’année ; ponctuer selon diverses possibilités et ne pas utiliser de majuscules ; pas de rimes, écrire au présent ou à l’infinitif, pas ou très peu de verbes.
En Europe, l’exemple n’est-il pas le sonnet ? Tout le monde ou presque a appris en classe les règles correspondantes. Voilà des siècles que les poètes écrivent des sonnets. Une mienne relation m’en a fait goûter un tout récemment.
Le célèbre Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) nous montre l’immense champ des possibles en matière de contraintes…tant en poésie qu’en prose. Pensons à Queneau, à Pérec et à tant d’autres… On m’a offert un gros bouquin cartonné (Merci Marie-Noëlle) édité chez Larousse en 2014, qui a pour titre OULIPO L’abécédaire provisoirement définitif, publié sous la direction de Michèle Audin et Paul Fournel.
Aux amateurs de jeux d’écriture, il y a dans cet ouvrage de quoi se délecter…
Modestement sur plus de 200 pages de mon roman à venir prochainement, j’ai banni le que soit seul soit dans la finale de nombreux mots, comme queue, patraque, attaque, etc., et des mots aussi répandus que puisque, lorsque, etc. Mon style en a été changé !
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Mais n’oublions pas que Bashô, auteur célèbre de haïkus, a dit ceci : Les formes sont faites pour que l’on s’en écarte. Et pour s’en écarter, il n’est point de recette toute faite. J’ajoute que l’art est obéissance et transgression ! Sinon comment évoluerait la création dans tous les domaines ?
JS
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[i] Celle-ci ou peut être marquée par un signe de ponctuation ou un mot. Le signe (virgule, point-virgule ou tiret) est de préférence placé à la fin d’une ligne. Le mot pivot est situé à l’intérieur d’un vers
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Et il y a aussi la contrainte thématique. J’ai participé, il y a de cela quelques années maintenant, à deux ateliers d’écriture : un atelier d’écriture de chansons et l’autre de scénario et dans chaque cas, on nous avait imposé une contrainte thématique voire déjà une once d’intrigue. Paradoxalement, j’y ai découvert un immense champ de création possible. Bien plus que celui qui consiste à patiner pendant des heures à partir de thèmes que l’on a soi-même imaginés et dans lesquels on finit par s’engluer joyeusement ! En faisant une embardée, en partant d’un lieu que l’on n’aurait pas imaginé, voilà que l’on construit plus facilement une histoire, me semble-t-il et nous voilà finalement revenu, en quelque sorte, à notre point de départ car l’histoire construite ramène souvent aux thématiques qui nous attirent. Pourtant, il a fallu emprunter un tout autre chemin que celui que l’on avait imaginé au départ, ainsi, voilà que le plus court chemin d’un point à un autre n’est pas la ligne droite mais la pratique des détours, des zig- zags et de la flânerie qui va avec ! (A ton avis, était-il heureux de mettre un s à zag ? Je n’ai pas eu le courage de prendre mon Robert !)
Si tu mets un s à zag, il faut en mettre un à zig, non ? Je suis allé sur la toile. Il y a deux problèmes. Certains écrivent zigzag et non zig-zag. Dès lors le s s’impose, on trouve zigzags. Mais on trouve aussi zig-zags. J’avais tort. Je ne vais pas plus loin car je crois que c’est bon de mettre un s à Zag !
Mon expérience d’atelier d’écriture m’a montré que je n’avais pas trop de problèmes d’imagination. Il est vrai qu’un thème fixé oblige à explorer. j’ai écrit une nouvelle où les chiens se mettent à parler. Était-ce le thème ? je ne sais plus. As-tu un exemple de thèmes auxquels tu penses ? Cela m’intéresserait. Quant aux compliments que tu me fais, je dirai simplement que je suis acharné dans ce que je fais… Alors cela m’entraîne… Mais là, j’ai besoin de vacances. C’est fou ce que j’ai « produit » ce mois-ci !
À bientôt pour les anniversaires, peut-être ?
Le Dournon dit:
zigzag (sans -) nom masculin
route en zigzag (sans s)
C’est pas souvent utilisé.