Le titre est provocateur mais il est d’un linguiste. L’auteur, Jean Pruvost, commence son livre passionnant par nous montrer d’ou vient l’expression fameuse « Nos ancêtres les Gaulois… » Elle nous vient de Lavisse, auteur dont j’ai lu dans ma jeunesse les extraits qui émaillaient mes manuels d’histoire. C’est Lavisse qui développe à la fin du XIXe le roman national. C’est lui qui écrivit : « Il y a deux mille ans, la France s’appelait la Gaule. La Gaule était habitée par une centaine de petits peuples. Chacun avait un nom particulier, et souvent ils se battaient les uns contre les autres. » … « Elle (la Gaule) n’était donc pas une patrie car une patrie est un pays dont tous les habitants doivent s’aimer les uns les autres. » Pruvost en conclut souligne que, pour Lavisse, « la Gaule est le point de départ d’une nation qu’il reste à édifier. »
Plus tard, Ferdinand Buisson, Directeur de l’Enseignement Primaire en France, confie à Lavisse un article consacré à l’histoire de France dans son Dictionnaire de pédagogique et d’instruction primaire.
Là, Lavisse écrit : « Il y a dans le passé la plus lointain une poésie qu’il faut verser dans les jeunes âmes pour y fortifier le sentiment patriotique. Faisons-leur aimer nos ancêtres gaulois et les forêts des druides. »
A l’époque les Gaulois étaient considérés comme des barbares. Faute d’écriture, leur langue nous est inconnue, le latin s’imposant après Jules César. Des Gaulois Il nous en reste une centaine de mots (bièvre, chêne, alouette, tanche, lande, truand, magouille…)
Retour à Lavisse qui présente les Arabes dont « la brillante civilisation fut longtemps supérieure à celle des Occidentaux et influença heureusement celle-ci. »… Le quel Lavisse continue : « Sous les rois fainéants, la Gaule fut près d’être conquise par les Arabes. » Et Lavisse loue cette brillante civilisation arabe.
En France, cet intérêt pour les Arabes dure jusques à Renan et au-delà.
La situation actuelle est donc fort différente. Les Arabes ne présentent plus pour nous cet attrait passé. Pourtant l’arabe est la troisième langue à la quelle nous empruntons beaucoup de mots après l’anglais et l’italien. L’histoire ancienne l’explique comme l’histoire récente où l’on constate l’importance de l’arabe pour notre langue actuelle du fait de la colonisation et de l’immigration.
Le livre est donc consacré à ces emprunts directs ou indirects qui de l’abricot au zéro ont enrichi notre langue notre ! Et le cheminement la plupart de ces mots nous est raconté en de nombreuses pages…
À lire donc pour les curieux de notre langue !
Jean S.
Le « zéro » et les chiffres dits « arabes » viennent de Babylone et de l’Inde, importés par les arabes à l’occasion de leurs conquêtes, comme dix siècles de massacres et d’esclavage, et réexportés lors d’autres conquêtes. Aucun mérite ne leur revient, si ce n’est d’avoir fait des choix judicieux aux bons moments.
Par ailleurs les Gaulois avaient bien une langue celtique orale et un alphabet emprunté aux grecs, étrusques et aux romains.
Enfin les Gaulois n’étaient « barbares » qu’aux yeux des Romains comme tous les peuples non romains et bien avant que n’existe la civilisation arabe, la civilisation celte était déjà très évoluée.
Michel,
Je me doutais que tu réagirais… Le titre de l’ouvrage est un peu provocateur ! Je précise qu’ici je cite un auteur Pruvost qui cite Lavisse. Tu as raison : les Arabes ont été effectivement les « transmetteurs » des Indiens et des Grecs. Le terme de « barbares » est employé par Lavisse. C’est la perception qu’il en avait ! On ne le dirait plus aujourd’hui ! Astérix est aussi passé par là ! On doit à cet homme l’expression « Nos ancêtres les Gaulois » toujours vivace. C’était intéressant à souligner. A l »heure actuelle, notre perception des Arabes est souvent négative car liée à l’Islam et à ses extrémismes. Elle ne l’étai pas dans le passé. Dans « Les croisades vues par les Arabes » Amin Maalouf fait revivre une époque où Saladin s’est montré supérieurs aux Francs du royaume de Jérusalem… Je souligne aussi que les Arabes ont été longtemps chrétiens et qu’il en reste au Proche Orient des Arabes chrétiens. Bref, nous ne sommes pas très objectifs quand nous évoquons les Arabes…. Pour autant notre langue leur doit beaucoup de mots et ça, ça ne se décrète pas !