Éric Chevillard écrit, dans Le Monde des livres du 7 février 2014, un article fort drôle sur le dernier livre de Christian Bobin (Gallimard). Ayant rédigé, moi-même, un article sur ce blog en mars 2013 à propos du livre précédent de cet auteur, j’ai été amusé par le texte de Chevillard qui dénonce, avec sa « mauvaise ironie, » dit-il, la façon dont l’auteur, Frère lumière, chante la vie, ce à quoi il « s’efforce de puis son premier livre. »
Que ceci ne vous empêche pas de lire ce bouquin, mais en relativise la facilité. Celle-ci ne choque pas au premier livre ! Il faut dire que Bobin est un poète qui a parfois des audaces étonnantes que relève notre journaliste : Le papillon monte au ciel en titubant comme un ivrogne. C’est la bonne façon. Ou ceci : Il n’y a pas un instant où je ne cherche une pierre pour aiguiser l’œil.
Chevillard dénonce des bonbons de guimauve comme ceux-ci : Le ciel est un torrent qui se jette dans l’amour de Dieu. Bach compte les étincelles sur ce torrent qui coule dans l’infini ouvert d’un cœur dément.
Il enfonce le clou en notant quelque part que « Tant de clarté nous brûle les yeux. Nous n’y voyons plus rien et l’auteur en profite pour écrire n’importe quoi. »Il conclut son article ainsi : « Christian Bobin s’enchante tout seul, il cherche l’innocence et la grâce dans une langue que l’homme a conçue pour reprendre la main sur la création, pour en chasser les dieux, pour ordonner le monde lui-même, pour substituer la poésie à l’ennui sans fin de la lumière. »
Il est vrai que Christian B. est avant tout un poète. Et c’est avec une certaine tendresse, me semble-t-il que le journaliste lui consacre un très long article qui prouve qu’il a lu à fond ce dernier bouquin.
Jean Sebillotte
« Et c’est avec une certaine tendresse, me semble-t-il »
Non, nulle tendresse, chevillard écrit ses chroniques avec la méchanceté tranquille de ceux qui ont un peit peu de pouvoir pour écraser des gens qui écrivent et pensent mieux qu’eux, comme Christian Bobin.
Vous devez être un inconditionnel de Bobin ou un adversaire déterminé de Chevillard pour justifier votre réaction. Chevillard, comme je l’ai noté, « dénonce sa « mauvaise ironie ». Je n’ai pas le souvenir d’un article exterminateur, mais plutôt d’un article qui incitait à lire Bobin !
Il est vrai aussi que je ne lit pas assidûment les chroniques de Chevillard… Eclairez-moi !
Cordialement
Jean Sebillotte
Je ne suis pas du tout un inconditionnel de Bobin (il a lui aussi ses limites littéraire) et pas du tout un adversaire de chevillard (je n’ai lu qu’un livre de lui, ni bon ni mauvais) mais l’article est en effet très pervers et le dessin qui l’illustrait montrait un chamallow (Christian bon) en train de cuire à la broche au dessus d’un barbecue… J’espère vous avoir éclairé… 🙂
Merci de prolonger ce dialogue et je suis éclairé… Il me faudra relire Bobin !