Ami lecteur, grâce à Jean-Charles Dorge président de la SFP et de la SAPF, toutes deux associations actives de poètes, mon cinquième recueil de poésie va être édité. Nicole Randon (voir par ailleurs) a accepté de préfacer ce recueil. Sa préface est élogieuse. J’en rougis. Je l’insère ici pour vous mettre en appétit !
« Préface
Poète expérimenté et de grand talent, Jean Sebillotte semble faire de l’écriture un véritable art de vivre. Ce recueil V de la série Au fil des ans nous prend une nouvelle fois par la main et nous touche au cœur en nous invitant à cueillir ses poèmes comme des fruits à « laisser mûrir ».
Si le poète reste lucide devant le passage des ans et « accepte de vieillir », il n’y a rien de désespéré dans cette poésie qui au contraire irrigue les plus vives émotions ! Au gré de ce parcours poétique spatio-temporel ponctué de haltes variées, ce poète promeneur solitaire de notre siècle traverse le temps et rend volontiers visite à ses amis poètes Rimbaud ou Mallarmé pour « remonter […] à ses sources », le temps d’un pastiche.
Toutefois la poésie de Jean Sebillotte ne se veut pas savante, c’est un poète qui sait rester ancré dans la vie quotidienne. « En poète fou », il ne rechigne pas non plus à se montrer « terre à terre » et s’amuse volontiers par humour à jouer avec « une langue gaillarde » : l’homme qui compose ce recueil n’est-il pas un amoureux de la vie, cette vie qui, avoue-t-il, « l’époustoufle » ? L’écriture est pour lui, on l’aura compris, une manière jubilatoire non seulement de cultiver le jardin de beauté et des expériences esthétiques mais aussi de cultiver le plaisir sensuel de vivre car « la sève est encore vigoureuse ».
Explorant dans son recueil une étonnante variété de formes entre lesquelles il navigue avec une aisance surprenante, le poète est convaincu que « c’est en poésie seule/ que les vers sont libres ». Apprécions cette revendication de liberté ! Jean Sebillotte veut surtout dire ses bonheurs et ses peines et s’exprimer « sur tout et sur des riens ». Nous pouvons ainsi dans un poème très intime le voir partir se dégourdir les jambes pour élargir les limites de son jardin intime et chercher la paix dans son « corps si lourd ». Tout en conviant le lecteur dans son univers poétique personnel, jamais le poète n’oublie cependant tous ces êtres qui, hors de sa sphère privée, subissent d’autres souffrances, « là-bas où gronde la guerre ».
Sans perdre espoir, ce poète grand humaniste ne veut pas que nous puissions oublier le monde extérieur car « Ailleurs le monde souffre et se bat ». Il ne veut pas fermer les yeux : « La terreur vous plonge/ Dans la guerre sans fin/ Dans cette horreur qui ronge/ Vos pays et leurs confins/ Ô vous qui habitez/ La terre tragique/ Dont vous cohéritez ».
On ne saurait rester sourd à une telle interpellation : il faut profiter de cette lecture, qui pourra aider à « résister au mal qui ronge », qu’il soit individuel ou collectif.
Nicole Randon »