Ecrire sans frontières

Écrire pour soi et pour d’autres peut-être
Écrire pour épuiser les nuits sans sommeil
Quand ce corps qui vous lâche se tient en éveil
Dire les ingrates tâches qui mobilisent tout l’être

Ecrire en casanier ancré comme à son rocher la patène
Ecrire rivé à son antre comme les abeilles à leur rucher
Comme les bûches à leur bûcher
Ecrire cette nuit ou une autre toute sa peine

Ecrire éveillé par delà les frontières nécessaires
Ecrire quand on le peut dans les jours à finir
Quand on peut pratiquer des plaisirs sans en en frémir
Plaisirs dont le corps et l’esprit sont les bénéficiaires

Ecrire pour sauter la frontière de la bienséance
Ecrire sur tout et sur des riens
Des vers baudelairiens
Mêlant amour et désespérance

Ecrire la guerre à notre frontière si fragile
Ecrire l’anxiété du monde fini
En écho à notre besoin d’infini
Confronté à nos vies qui n’ont rien de futile

Ecrire nos minuscules galères
Ecrire les contraintes les obligations les noirceurs
Quand meurent là-bas nos frère et sœurs
Là-bas où gronde la guerre

Ecrire sans savoir comment garder l’âme sereine
Ecrire pour obéir à cette invincible instance en soi
Qui oblige à vivre jusqu’au bout où que l’on soit
Qui jusqu’à la fin de nos cheminements nous entraîne

Ecrire sur ce monde qui nous écharpe
Ecrire sans relâche alignant nos vers
Pour conter aussi nos petits faits divers
Et tout ce qui dans la vie nous écharde

Ecrire dans un monde de mensonge
Ecrire pour jeter des mots au vent
Pour un salut vrai et fervent
Pour résister au mal qui ronge

Ecrire aussi sur l’amour des vieux
Ecrire sur l’éros
Pour accepter thanatos
Et se moquer des envieux

Ecrire sans cesse sans frontière
Ecrire sur la vie et la mort
Sur l’incertaine arrivée au port
Sur sa vie tout entière

avril 21st, 2023 par