Le blog de l’artiste Jean Sebillotte
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Fallait-il tuer Christophe Dautheuil pour cette histoire de famille ?
Se procurer ce livre : Editions du bord du LotÀ Versailles : Librairies Antoine et La Vagabonde
À Porchefontaine : LIbrairie de la rue Coste
Et chez l'auteur, contact par mail.
Voici ce qu Xavier Jacquey m’a transmis, venant de son fils Nicolas. (tel. 01 55 54 54 20 mob. 06 07 67 20 70 – nicolas.jacquey@orange.com
» Maman et l‘écho des Nouettes se sont fait doubler par témoignage chrétien «
http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/International/Xavier-Jacquey-un-infirmier-a-El-Bayadh-/Default-36-3605.xhtml
Xavier Jacquey, un infirmier à El Bayadh
Par Agnès Noël
SÉRIE DE TÉMOIGNAGES (1/5) – Ils sont Français ou Algériens. Ils ont vécu la guerre dans les rangs d’une armée… ou d’une autre. Cinquante ans après, la mémoire reste à vif.
Xavier Jacquey est petit frère de Jésus à Marseille quand il est appelé en Algérie en novembre 1958. Il débarque à Alger en 1959 avant d’être envoyé dans les territoires du sud, à El Bayadh, en tant qu’infirmier. Outre les soins apportés aux soldats, il fait aussi de l’assistance médicale auprès des populations locales. Il part tous les matins avec un convoi soigner les nomades dont les tentes sont regroupées autour d’un petit poste.
« II y avait 4 500 nomades qui vivaient dans des conditions sanitaires très difficiles. Les gens étaient acculés à crever de faim car on leur enlevait leurs troupeaux et on détruisait leurs greniers. » Ils sont très peu, à peine un médecin et quelques infirmiers. Xavier Jacquey n’a que sa formation d’infirmier militaire et apprend tout sur le tas, consultant soigneusement son manuel avant de traiter des cas de tuberculose, de réaliser des accouchements…
Progressivement, les médecins quittent le camp et l’infirmerie se transforme en lieu d’interrogatoire. Lui soigne les personnes torturées. « Les gens se sont moqués de moi mais personne ne m’en a empêché. On m’appelait “ le Bon Samaritain ”. »
Il s’abrite derrière les consignes d’un commandant opposé aux exactions pour rappeler aux militaires de ne pas torturer et ne pas être trop en difficulté lui-même. « Si on ne résiste pas très fort, on peut être pris dans cette atmosphère et ses règles. Mais j’avais une volonté d’intégrité. Et on avait la possibilité de s’accrocher à certains mots d’ordre pour résister. »
Une nuit, quatre femmes sont ramenées au poste et violées par les gradés. Tous les soldats écrivent alors au commandant pour dénoncer les viols et les tortures. Une enquête officielle suit, concluant qu’il n’y a pas eu de viols (mais prostitution). Les auteurs de la lettre sont mutés dans l’accompagnement de convois, l’une des missions les plus dangereuses. Les commandants du poste sont déplacés.
Mais les interrogatoires de civils reprennent de plus belle. « J’ai essayé d’intervenir. J’ai eu des menaces de balle perdue ou d’être envoyé en prison. »
Xavier Jacquey se retrouve aux Arbaouat, dans une palmeraie, sous les ordres d’un lieutenant qui a menacé de le tuer à cause de ses prises de position. Là aussi, il soigne les gens de la palmeraie, qu’ils soient simples paysans ou… membres de l’ALN. « Il y avait des gens que je n’avais jamais vus. On se doutait que c’était l’ALN. » Il reste là huit mois.
De retour à El Bayadh, il est affecté à l’hôpital. Un jour, il soigne deux soldats du FLN. Il passe quatre jours et quatre nuits dans leur chambre pour empêcher qu’on les achève. Démobilisé, il revient chez les petits frères. Il y reste trois mois. Il entame finalement des études de médecine en mai 1968. « Je ne pense pas que c’est lié à l’Algérie. Ce n’était pas fait pour moi. J’étais plus heureux dans l’activité sociale. » L’ancien infirmier est devenu psychanalyste.
Xavier Jacquey vient de publier Ces appelés qui ont dit non à la torture, L’Harmattan, 220 p., 22 €
Je viens de recevoir ce mail de Michel Berthélémy :
Bonjour Xavier
Peut-être le sais-tu déjà, mais je viens de lire un témoignage qui te
concerne sur le site suivant :
http://memoires-algerie.org/map/all/
Bonne soirée
Michel
Voici un message qu’a reçu en son temps Xavier Jacquey. Je me permets de le placer ici (en commentaire). C’est un avis de lectrice et ces avis sont précieux !
Versailles, le 12 mai 2012
Cher Xavier,
Marie-Jo m’avait parlé à la rentrée de septembre de la publication de ton livre. Et c’est ainsi que depuis septembre, cette information cheminait dans ma tête, faisant un petit tour et allant se loger tout au fond de ma mémoire. Elle ne demandait qu’à être réactivée ! Et voici que la semaine dernière, je vais faire un tour sur le blog de Jean et je lis ainsi l’extrait de ton livre qui y figure dans le cadre de l’article de témoignage chrétien. Je suis très fortement intéressée par le récit que je lis. Or, il se trouve que l’on est dimanche et que je passe voir d’amicaux voisins que tu connais, qui me prêtent gentiment le dit livre que je lis dans la semaine. Il m’accompagne dans mes trajets en train de banlieue et le soir, lors des veillées !
J’ai été très intéressée par le processus de faux souvenir dont tu parles et qui, à grande échelle, conduit finalement à une réinterprétation collective de l’histoire. Et bien sûr, j’ai été très impressionnée par ton expérience, ces actes médicaux à accomplir courageusement avec les moyens du bord, en n’y étant que peu préparé et surtout, bien sûr, par la violence à laquelle tu as été confronté, directement ou indirectement, pesante, angoissante, souvent exhibée et faussement masquée parfois. Une violence physique et de discours aussi, avec toutes ses implications sur ce qu’un individu est capable de faire mais aussi et peut-être pire encore, ce qu’un groupe, un système peuvent entretenir, en surenchérissant pour légitimer leur existence. Comme une machine lancée à toute allure et qu’on ne peut plus arrêter.
Je me suis dit aussi qu’ensuite, il fallait vivre avec cela, le garder en mémoire et arriver à s’en débrouiller, ce qui n’est pas chose facile. En un mot, j’aurais donc lu ton livre d’un trait : ce qui est la preuve qu’il est important de faire ce type de témoignages pour nous tous qui sommes en quête d’histoire et en espérant ainsi contribuer à une réflexion pour que ce type de violence ne se reproduise pas et développer du recul face à ce que le collectif peut avoir de plus sombre.
Les temps changent malgré tout, comme tu le vois, je n’ai pas pris la plume pour t’écrire mais l’ordinateur !
A bientôt le plaisir de se croiser.
L’auteur était manifestement jeune et influençable au moment des faits. Il est curieux que plus tard, l’âge et l’expérience n’aient pas apporté le recul nécessaire dans la narration des faits. L’avantage du défaut devrait conférer par contre une authenticité intéressante dans les témoignages.
Plus gênant, c’est que 50 ans après, on ressorte ces vieilles histoires. Alors que la racaille hurle toujours dans les rues sa haine de la colonisation, ce genre de parution ne va pas calmer les esprits, bien au contraire. C’est politiquement stupide et la marque d’un manque total de psychologie, étonnant pour qui se targue de psychothérapeutique…Cette complaisance dans la repentance qui sévit encore de nos jours chez certains esprits anachroniques est la conséquence de leur irresponsabilité pathologique.
Sur le fond, l’auteur n’était pas au combat et sa vision des événements n’était que partielle et fragmentaire. Mon cousin germain n’était pas planqué à l’arrière mais bel et bien au combat. Il allait récupérer en hélico dans le bled les jeunes soldats les gorges tranchées et les couilles coupées (les secondes avant les premières). Mon cousin n’a jamais voulu parler de cela ni encore moins écrire un livre. Son père, mon oncle, en était malade des dangers de la guerre courus par son fils et il en est mort. Passer outre les faits de guerre pour donner des leçons après coup est d’une grande désinvolture vis-à-vis des autres et d’un indécent parti-pris.
Michel,
J’ai « approuvé » ton commentaire en acceptant qu’il soit publié. Mais ceci appelle des remarques. Je suis fils de colon de Tunisie, tu dois le savoir par ce blog. Je ne renie pas la colonisation. Je suis retourné l’an passé chez les enfants du contremaître qui avait été sur la ferme paternelle.
Mais pourquoi prendre ce ton et que « la racaille hurle toujours dans les rues sa haine de la colonisation » ?… Etc.
Tu affirmes que l’auteur n’était pas au combat. As-tu lu le livre de Xavier ? Était-il planqué à l’arrière ? Ses lettres sont celles qu’il écrivait du bled.
La guerre d’Algérie a été atroce. J’ai eu la chance de ne pas avoir eu à la faire, à l’inverse de ceux de ma génération qui en ont souffert comme ton cousin. Sa peine immense est celle de la plupart de mes proches qui ont été sur le terrain.
Il n’est jamais facile de parler de ces périodes qui ont été sombres des deux côtés…
Ceci dit, je te conseille, sur ce blog consacré à la peinture et l’écriture, la lecture de Jérôme Ferrari « Où j’ai laissé mon âme ». Il me semble qu’il traduit bien le fossé de haine qui a pu s’instaurer à cause de la torture.au sein de l’armée, elle-même.
Michel
Tu as dû être étonné que je ne te parle pas de ton commentaire sur mon livre à notre déjeuner de la semaine dernière chez Norbert, mais je ne l’avais pas lu. Jean vient seulement de me le signaler.
Je suis très d’accord avec la réponse qu’il te fait, notamment sur « le fossé de haine qui a pu s’instaurer à cause de la torture au sein de l’armée, elle-même ».
J’en ai été témoin bien sûr de très nombreuses fois en Algérie – mises en quarantaine, cassages de gueule, menaces de mort – mais encore plus de 50 après, précisément le 16 mars 2007, lors d’une table-ronde animée par Pierre Servent à l’Université Inter-Age de Versailles sur le thème « Guerre d’Algérie, leçon d’histoire pour aujourd’hui ».
Quatre anciens d’AFN y apportaient leurs témoignages, le général Xavier Gouraud à l’époque jeune officier d’active, Olivier d’Argenlieu et Roger Saboureau, tous deux anciens officiers parachutistes, le premier appelé, le second d’active et ayant participé au putsch, et moi à l’époque infirmier. Intervenaient également Mohammed Ould Kherroubi président de l’association des Musulmans de Versailles et le Pasteur Wagner membre de la commission nationale des droits de l’homme.
L’assistance à cette table ronde fut très nombreuse et remarquablement attentive à nos quatre témoignages. Plusieurs anciens d’AFN tinrent ensuite à apporter le leur, pour certains c’était la première fois. Approcherait-on d’un temps où il deviendrait davantage possible de “ dire ” ? Et de s’écouter ? Il n’en reste pas moins que les échanges entre gens comme Roger Saboureau et tenant, comme moi, du refus de la torture restent encore beaucoup plus difficiles qu’entre anciens de l’ALN et anciens de l’armée française : cela fut souligné à notre table ronde, et est probablement très légitime. Il est remarquable que ce soient les interventions de Mohammed Ould Kherroubi qui empêchèrent qu’entre nous les choses ne dégénèrent en public.
Après Sabouraud nouq