Enfin les vacances

J’avais dans l’idée de publier ici un article de fond. Mais le temps me manque. Aussi je me contente d’insérer un poème récent très inspiré par mon enfance et par ma relation au bled Maknassy, là-bas en Tunisie entre Sfax et Gafsa.

Souvenir du Sud

Du fond des âges lentement tenace

Le désert remontait nous privant d’eau

De l’aridité venait la menace

Dans ce pays sec ingrat impossible

Où d’ordinaire les gens sont patients

L’eau délaissait les hommes sans défense

Le manque de pluie était notre lot

Quand venait l’orage la pluie possible

Nous attendions enfants trop impatients

Tous réunis dans l’angoisse et l’attente

Hommes sans pleurs le cœur à l’espérance

Sous la nuit si noire et si menaçante

Espérions soudain des dieux la clémence

Hélas le ciel restait sec et hostile

Nous prédisant une immense souffrance

*

Par cette sécheresse

Les troupeaux décimés

Laissaient à leur détresse

Des bergers estimés

Et seul le puits romain

Donnait de son eau fraiche

Aux bêtes et aux humains

Que le soleil dessèche

 Au pied des monts sans pluie

Au pays des serpents

L’eau s’était enfouie

Elle dont tout dépend

Les années devinrent sèches

J’ai su longtemps après

Que sans l’eau si revêche

Crevaient les durs cyprès

C’était le fond des oueds

Avec son seul chiendent

Qui aux moutons du bled

Donnait leur aliment

Disparurent les troupeaux

Sensibles à la famine

Et le chant des agneaux

Que plus rien ne ranime

*

En effet l’homme qui luttait pied à pied

En sage dut abandonner l’élevage

Las de tous ces orages en vain épiés   

Il restait pourtant l’olivier choyé

De ce pays sec  le seul avantage

Dont l’huile à tout usage est employée

                        *

Le bled  ainsi verdi

Etait l’illusion parfaite

Le mirage inédit

D’une campagne en fête

                                               JS

                                               Janvier 2023

août 11th, 2023 par